présentation des peintures synchronistiques

vendredi, juillet 11, 2025

Ulysse et les Sirènes

 

Gilles Chambon, Ulysse et les Sirènes, huile sur toile 45 x 63 cm, 2025
Dans l'Odyssée, chant XII, vers 39 et 40, la magicienne Circé met en garde Ulysse :

Σειρῆνας μὲν πρῶτον ἀφίξεαι, αἵ ῥά τε πάντας

ἀνθρώπους θέλγουσιν, ὅτις σφεας εἰσαφίκηται.

" Il vous faudra d’abord passer près des Sirènes. Elles charment tous les mortels qui les approchent. "

 

Les Sirènes sont le symbole des terreurs et fascinations de la mer, ainsi que l'archétype des femmes séductrices et insaisissables. Filles du dieu fleuve Achéloos et de la muse Terpsichore, leur légende est comme un palimpseste où chaque poète écrit sa version de leur origine, de leur nombre, de leur forme, et de leur pouvoir... mais tous s'accordent sur l'issue fatale qui guette le pauvre marin tombé sous leur charme. Seule une ruse permet d'en réchapper. Ainsi Ulysse, s'étant fait attacher au mât du navire, put profiter de leur beauté magique de leur chant sans en subir les mortelles conséquences. 

 

Pour éviter au spectateur de mon tableau d'être à son tour victime de leur charme maléfique, j'ai représenté les Sirènes de dos, empruntant leur mystérieuse poésie à deux jeunes filles de Paul Delvaux. Quant à Ulysse, qui les contemple de face avec un air apparemment très détaché, il a été pourtant bien été attaché au mât par le peintre Léon Belly (1827–1877). On perçoit néanmoins son trouble en constatant qu'à l'écoute et à la vue des Sirènes, son vaisseau perd peu à peu de sa substance, pour finir par ressembler à un tableau abstrait de Richard Diebenkorn (1922-1993).

vendredi, juillet 04, 2025

Suzanne et les vieillards

Gilles Chambon, Suzanne et les vieillards, huile sur toile 45 x 77 cm, 2025

L'histoire de Suzanne et les vieillards est horrible : deux vieillards voyeurs et concupiscents sont éconduits par Suzanne... pas de quoi en faire une affaire, me direz-vous. Mais à l'époque de la Bible, on ne rigolait pas, c'était un peu comme aujourd'hui chez les Ayatollahs : on tuait les femmes infidèles, et on tuait aussi les faux témoins. C'est ce qui arriva d'ailleurs aux deux vieux menteurs qui voulaient faire périr Suzanne en l'accusant d'adultère parce qu'elle avait osé leurs refuser ses charmes.

 

Alors pour rendre l'anecdote plus cool, j'ai rafraîchi la fable ! On y voit une Suzanne très posée, en train d'enseigner aux vieillards, qui n'en reviennent pas, les nouveaux codes de bienséance ainsi que l'emblème des luttes féministes.

On peut toujours rêver !

 

Les personnages sont empruntés à trois tableaux du Guerchin, et s'inscrivent dans un environnement cubiste inspiré d'Henri Hayden.