présentation des peintures synchronistiques

lundi, avril 28, 2014

L'appel des sirènes


Gilles Chambon, L'appel des sirènes, huile sur toile, 110x108cm, 2014
On dit que pour la composition des "Demoiselles d’Avignon", Picasso s’était inspiré du tableau de Greco du Metropolitan Museum of Art de New York (L’ouverture du cinquième sceau - voir ci-dessous, à gauche). Il était donc passé allègrement des personnages remplis d'effroi de l’Apocalypse, représentés de façon si peu conventionnelle par le Greco, aux péripatéticiennes de la rue d’Avignon, tout aussi peu conventionnelles.
Les personnages du Greco sont extraordinaires : ils frappent par leur puissance expressive et leur gestuelle un peu sauvage, avant même de servir à l’illustration de tel ou tel épisode des écrits testamentaires. Ils attirent donc les peintres, qui sont incités à s’en saisir pour les réutiliser, chacun à sa manière.

Les créatures du Greco constituent donc évidemment des morceaux de choix pour la peinture synchronistique. 
Transposés ici dans un décor cubiste copié du port normand peint par Braque en 1909 et conservé à l'Art Institute of Chicago (ci-dessous, à droite), le St Jean levant les bras au ciel et un groupe de trois personnages, tous issus de “L’ouverture du cinquième sceau” du Greco, sont associés à un St Pierre éploré ("Les larmes de St Pierre", Hôpital Tavera, Tolède).


Et voilà que surgit de la toile tout autre chose : le mythe grec des sirènes, avec ses trois créatures fatales dont le charme attire inexorablement les matelots imprudents qui passent à leur portée.

lundi, avril 14, 2014

Femme-apparition, ou le miroir brisé



La composition synchronistique ci-dessous utilise le visage du nu allongé de Modigliani conservé à Stuttgart (1917), une nature morte avec verre et journal, de 1916, par Juan Gris, et un petit tableau issu d’une série sur l’Atlantide que j’ai exécutée en 2000. 

Gilles Chambon, Femme-apparition, ou le miroir brisé, huile sur toile 64x47cm, 2014

Sous le regard impassible d’une énigmatique femme-apparition, notre civilisation millénaire, livrée aux coups de boutoir du présent, vole en mille morceaux, comme un miroir brisé.

mardi, avril 08, 2014

L'offrande


Gilles Chambon, L'offrande, huile sur toile 56x57cm, 2014
Rapprochement synchronistique entre l’ « Otahi » (solitaire) de Gauguin (1893), « l’usine à Horta », de Picasso (1909), et une élégante « nature morte avec buste », due au liégeois Scauflaire (vers 1945-50). 


 Rapprochement hasardeux de trois tempéraments artistiques que tout semblait écarter : Gauguin le mystique sauvage, Picasso l’expérimentateur malicieux, Scauflaire le poète rêveur. Et pourtant cette réconciliation picturale s’est effectuée ici presque naturellement, dans une synthèse figurative évoquant quelque énigmatique cérémonie : l’usine devient temple, la vahiné boudeuse se transforme en prêtresse, et la nature morte apparaît comme l’offrande au dieu éphèbe.

samedi, avril 05, 2014

La Kabylie vue par Marius de Buzon

Marius de Buzon, Vallée de la Soumam, huile sur panneau, 31x35 cm

Marius de Buzon, (Bayon-sur-Gironde 1879 – Alger 1958) est l’un des principaux peintres de ce que l’historienne Elisabeth Cazenave a appelé l’École d’Alger. Dès avant la première guerre mondiale, il avait été lauréat de la villa Abd-el-Tif et s’était donc rendu en Algérie, en 1913. Mobilisé en 1914, il part d’abord sur le front de Macédoine, puis est affecté en 1915 en Kabylie où il reste plus d’un an, dans la région de Michelet (Ain el Hammam) et de Fort-National (Larbaâ Nath Irathen). Il parcourt alors toute la Kabylie et prend de nombreux croquis : "je découvrais des êtres, expliqua t-il ensuite, la végétation, l'atmosphère et le reste, afin de parvenir, par la magie de l'émotion, à transférer la couleur en matière vivante" (Marius de Buzon cité dans "L'Afrique du Nord Illustrée", Félix Gros, Noël 1928, page 8). Après la guerre, il reste à Alger où il est professeur de dessin dans les lycées et collèges. Il sera par la suite nommé président du comité de patronage de la villa Abd-el-Tif, après avoir obtenu pour ses œuvres de nombreux prix et médailles au début des années 1920. En 1924-25, il réalise pour l’exposition des Arts Décoratifs de Paris une toile de 3m sur 8m représentant une synthèse allégorique des échanges de Bordeaux avec le Maghreb, l'Afrique Noire, et les îles lointaines, comme l’Océanie (cette toile est aujourd’hui visible au musée d’Aquitaine à Bordeaux).

Marius de Buzon est en général étiqueté comme peintre orientaliste, mais il est davantage un peintre ethnographe, attaché à restituer dans ses tableaux la vérité des coutumes, de l’architecture, et des paysages ruraux maghrébins ; particulièrement ceux de la Kabylie qu’il connaît si bien et qu’il a particulièrement aimés. Quelques-unes de ses plus grandes toiles sont pourtant des sortes d’allégories, « instrumentalisant » la ruralité de l’Afrique du Nord, en lui conférant d’ailleurs une dimension symbolique plus proche de la sensibilité Nabi que du romantisme exotique caractérisant généralement l’orientalisme (exemple de la « bucolique kabyle » du musée des Beaux-Arts de Bordeaux, qui rappelle Maurice Denis). Mais la plupart de ses œuvres sont des restitutions directes des ambiances croquées sur le terrain.

Marius de Buzon, La bucolique kabyle, 112x186 cm, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux

Pour la Kabylie, il a laissé un grand nombre de petites peintures à l’huile de format compris entre 20x30cm et 30x40, faites sur panneaux légers (contreplaqué ou carton), faciles à transporter et à poser sur les genoux ou fixer sur un chevalet sommaire. Elles ont, semble-t-il, pour la plupart, été exécutées sur le motif, ce qui leur donne cette vérité, cette énergie, et cette richesse des lumières et des couleurs ; donc tout l’opposé de l’orientalisme qui habituellement reconstruit en atelier des images stéréotypées et formatées au goût exotique des occidentaux.

Ces petites peintures sont aujourd’hui très dispersées chez les collectionneurs privés, surtout depuis la vente à Marseille en mars 2012, des restes de son atelier. Il a évidemment aussi réalisé de nombreuses toiles de format intermédiaire, compris entre 50cm et 110cm. Les deux exemples ci-dessous montrent chaque fois deux versions très proches du même paysage, dont l’une a probablement été exécutée sur place – la seconde, copiée, gardant cependant l’esprit « esquisse ».
M. de Buzon,  vue des collines de Kabylie, huiles sur panneaux
M. de Buzon, vue du sommet des collines, huiles sur panneaux


L’une de ses peintures de Kabylie servit à graver un timbre poste, en 1955, soit trois ans avant sa mort. Marius de Buzon posa devant sa toile pour la promotion du timbre :





Voici quelques photos de ses petits tableaux de Kabylie, récoltées sur Internet, pour l’essentiel exécutés entre 1921 et 1945. Ils sont un émouvant témoignage de la beauté des paysages de cette région, et de l’amour que de Buzon leur portait. On y découvre son remarquable sens plastique, la sûreté de ses cadrages, la prestesse de sa touche, l’harmonie suave et la justesse de sa palette, attentive aux ocres de la terre, glissant parfois vers des gris pourprés, ou vers des beiges mordorés suggérant l'herbe brûlée par le soleil; prompte aussi à restituer de façon limpide et simple les frondaisons et les branchages, le vert profond des feuillages et le gris des écorces qui se marient avec le bleu de l'air. Enfin on ne peut qu'admirer son art consommé de restituer les effets de lumière et d’ombre sur les djebels lointains, avec un degré de subtilité des nuances et des contrastes rarement atteints par les autres peintres; avec aussi une fidélité qui frappe d'emblée tous ceux qui connaissent ces régions d'Algérie.

Marius de Buzon, diverses scènes de la vie rurale en Kabylie, huiles sur toiles et panneaux

M. de Buzon, villages de Kabylie, huiles sur toile ou panneaux


M. de Buzon, villages de Kabylie, huiles sur toile ou panneaux
 

M. de Buzon, paysages de Kabylie, huiles sur toile ou panneaux
Marius de Buzon, Kabylie, 1916, huile sur carton toilé, 41x26cm, collection privée
(Mise à Jour mars 2018) : quatre ans après ce petit paysage de Kabylie, M. de Buzon a composé une toile plus grande avec des personnages, en réutilisant le même décor naturel :
Marius de Buzon, Le repos autour d'un puits en Kabylie, 1920, hst 65x92cm, vente d'atelier R&C, Paris, mars 2018

M. de Buzon, paysages de Kabylie, huiles sur toile ou panneaux

M. de Buzon, paysages de Kabylie, huiles sur toile ou panneaux

M. de Buzon, paysages de Kabylie, huiles sur toile ou panneaux


M. de Buzon, diverses scènes kabyles, en bas à droite, le fort de Bougie - huiles sur toile ou panneaux

mercredi, avril 02, 2014

Peintures synchronistiques au SM’ART 2014, Salon d’Art Contemporain d’Aix-en-Provence

Du 1er au 5 mai 2014, sur 1,2 ha du parc Jourdan à Aix-en-Provence, sous les ombrages, le 9eme Salon d’Art Contemporain accueillera 200 artistes plasticiens, peintres, sculpteurs, photographes, vidéastes, graveurs, designers confirmés ou émergents, et 12 galeristes ; innovation, diversité artistique, qualité et pertinence du travail ont été privilégiés par les organisateurs.

J’y tiendrai personnellement un stand de 18m2 où je présenterai diverses facettes de mon travail pictural ; l’accent sera mis sur ce que j’ai appelé récemment la peinture synchronistique, et dont j’ai montré les premiers exemples sur ce blog. J’organise le samedi 3 à partir de 18h un vernissage sur mon stand, où tous les amateurs sont conviés.

Infos pratiques :

Le Sm’art du 1er au 5 Mai 2014 – Parc Jourdan Aix en Provence - Rue Anatole France 13100 Aix-en-Provence www.salonsmart-aix.com - smartaix@wanadoo.fr

· Jeudi 1er Mai de 10h-22h

· Vendredi 2 mai de 10h-22h

· Samedi 3 Mai de 10h à 20h

· Dimanche 4 Mai de 10h à 20h

· Lundi 5 Mai de 10h à 18h

Me contacter par email pour plus d’informations sur les œuvres exposées.