présentation des peintures synchronistiques

vendredi, mars 05, 2021

La tête coupée, ou l’oracle d’Orphée

 

Gilles Chambon, "La tête coupée, ou l'oracle d'Orphée", huile sur toile 60 x 80 cm, 2021

Couper la tête d’un homme est une action barbare et hautement symbolique, et cela depuis la nuit des temps, si l’on en croit les nombreux mythes et légendes qui courent à travers le monde sur ce sujet. S’emparer d’une tête coupée, la brandir au bout d’une pique ou au contraire la recueillir et la sacraliser, c’est s’emparer du pouvoir effrayant de la mort.

 

C’est pourquoi souvent les têtes coupées recueillies se mettent à parler : ce sont les têtes oraculaires. Elles constituent une sorte d’interface entre le monde des vivants et le monde des morts, entre l’ici-maintenant et l’au-delà de l’espace et du temps.

 

Dans la légende d’Orphée, dont l’épisode le plus connu est sa descente aux Enfers pour tenter vainement de ressusciter sa bien-aimée Eurydice, il y a aussi sa fin tragique : ne pouvant se remettre de la perte de son amour, il se retira dans la solitude, dédaignant la compagnie des humains, de leurs passions, et de leurs fêtes. C’est alors qu’il fut pris à partie par des Ménades en furie : elles le déchiquetèrent, coupèrent sa tête, et la jetèrent dans l’Hèbre (fleuve de Thessalie) ; de là elle dériva jusqu’à l’île de Lesbos, où elle fut recueillie dans une grotte, et se mit à délivrer des oracles (jusqu’à ce qu’Apollon y mette fin).

 

Mon tableau est une sorte de synthèse symbolique entre la grotte oraculaire d’Orphée et les Enfers, où trônent Hadès et Perséphone, accompagnés de Minos, juge suprême des âmes défuntes. J’ai emprunté synchronistiquement l’ambiance et la tête oraculaire à l’un des « rois » d’Antoni Clavé, et pour les trois personnages de droite, je me suis inspiré d’un dessin préparatoire de Jacob Jordaens pour « le jugement de Midas ».

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