présentation des peintures synchronistiques

lundi, mai 27, 2019

Le rapt de Proserpine

Gilles Chambon, Le rapt de Proserpine, huile sur toile 50 x 70 cm, 2019
Pluton / Hadès, dieu des Enfers, est tombé amoureux de la jeune Coré, fille de Cérès / Déméter. Son frère Jupiter / Zeus ne s’opposant pas ouvertement au mariage envisagé par Pluton, celui-ci enlève la jeune fille sur son char et l’entraîne sous terre dans le monde des morts, où elle devient son épouse sous le nom de Proserpine / Perséphone, reine des Enfers.

Mais pendant ce temps Cérès pleure sa fille perdue, la cherche à travers toute la Sicile, et décide de se venger en desséchant tous les arbres et en rendant la nature stérile. L’humanité se meurt, ce qui inquiète les dieux. Jupiter alors autorise Cérès à récupérer sa fille. Mais celle-ci ayant goûté aux nourritures infernales, en l’occurrence quelques pépins de grenade, elle ne peut plus se libérer totalement du monde des morts. Un accord est finalement trouvé : Proserpine suivra sa mère sur la terre, mais devra chaque année retourner quelques mois chez son époux, dans le monde souterrain. Durant cette période, la tristesse de Cérès provoque la mort de toute végétation ; c’est l’hiver. Et quand sa fille revient, c’est la joie du printemps et le retour de la sève dans la nature fertile.

L’enlèvement de Proserpine, raconté par Homère (Hymnes), puis par Ovide (Métamorphoses),  a inspiré de nombreux peintres : Albrecht Dürer, Niccolo del Abbate, Alessandro Allori, Christoph Schwarz, Joseph Heintz, Rubens, Luca Giordano, Annibale Carrache, Rembrandt, Jean Francois De Troyes, François Perrier, Baciccio, Valerio Castello, Charles de La Fosse, Nicolas Mignard, Joseph-Marie Vien, Walter Crane, etc…

Je me suis personnellement inspiré d’un dessin préparatoire de Charles de La Fosse (1673, musée des Beaux-Arts d’Orléans) sur lequel on voit à droite la nymphe Cyané tentant de s’interposer. Je l’ai synchronistiquement rapproché d’une peinture abstraite d’Albert Bitran (Composition, 1974, huile sur toile 92 x 65 cm).

Charles de La Fosse, Dessin pour L'enlèvement de Proserpine, 1673, encre et aquarelle sur papier, 11 x 21,4 cm, musée des B-A d'Orléans
Albert Bitran (1929-2018), Composition, 1974, huile sur toile 92 x 65 cm, vente 2019

Le symbolisme relatif à l’hiver provoqué par la descente aux Enfers de Coré / Proserpine / Perséphone, se double dans ma peinture d’une autre allusion symbolique : le char de Pluton semble en effet entraîner la représentation figurative vers le monde fantomatique de l’abstraction… Mais comme dans la légende grecque, où Perséphone revient chaque année féconder la nature, la peinture figurative, mise à mal par les doctrines artistiques du siècle passé, finit toujours par resurgir et féconder à nouveau le travail des peintres.

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