présentation des peintures synchronistiques

dimanche, août 12, 2018

Christ nu supplicié laissant s’échapper le Saint-Esprit

Gilles Chambon, "Christ nu supplicié laissant s’échapper le Saint-Esprit", huile sur toile, 35 x 50 cm, 2018
L’évangile de Jean parle du Saint-Esprit qui descend sur Jésus, sous forme d’une colombe, lors de son baptême dans le Jourdain (Jean, 1 : 32-34) ; mais aucun évangile ne nous dit que cette colombe s’envole lorsque le Christ rend son dernier soupir en criant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». 
Et pourtant, Dieu, par définition, ne pouvant pas mourir, il a bien fallut que l'Esprit de Dieu quitte Jésus au moment de sa mort. C’est ce que montre mon tableau.

On peut aussi y voir un Christ chamanique dont l’âme se change en oiseau pour rejoindre le Royaume de Dieu… Avant de revenir cinquante jours après, à la Pentecôte, frapper l’esprit des 120 premiers chrétiens devenus glossolaliques

Si j'ai représenté le Christ nu sur la croix, c’est en hommage à une tradition de la Renaissance, récusée par le concile de Trente mais, défendue par Saint François de Sales (1567-1622) : selon cette tradition, le Christ devait être montré totalement dénudé parce qu'à l'instant où il meurt crucifié, pour racheter la faute originelle commise par Adam et Eve, il recouvre l'innocence première. Certains artistes ont donc considéré que représenter le Christ nu sur la croix était fidèle à l'enseignement biblique… En témoignent par exemple deux œuvres florentines : une sculpture de Christ nu de Filippo Brunelleschi (1377-1446), conservée à Santa Maria Novella, et le Crucifix nu de Santo Spirito, attribué au jeune Michel-Ange (1475-1564).
Christ nu de Filippo Brunelleschi, Santa Maria Novella, vers 1410-1415, Florence
Christ nu attribué à Miche-Ange, 1492, Santo Spirito, Florence

Ma peinture évoque ainsi les mystères chrétiens et leur force imaginaire, riches de suggestions métaphysiques, qui perdurent même dans l’esprit des plus athées d’entre nous.

C’est une composition synchronistique, associant à un tableau abstrait de Charchoune (sans titre, 1944) que j’ai renversé, une colombe réinterprétée d’une lithographie de Georges Braque, et une étude de nu de Tintoret, pour un personnage mort de son Saint Georges et le dragon (National Gallery, Londres).
Serge Charchoune, sans titre, 1944, huile sur toile marouflée, 17 x 25,5 cm
Georges Braque, Colombe, lithographie 32,5 x 47,5 cm
Jacopo Robusti, dit Tintoret, Dessin d'un corps pour St Georges et le dragon, craie noire sur papier bleu, 25,6 x 41,6 cm, Louvre

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