présentation des peintures synchronistiques
mardi, novembre 07, 2006
LA TRANSFIGURATION
Comme chacun sait, je suis un adepte de la peinture transfigurative. Il était donc logique que je peigne une Transfiguration ; c’est chose faite. On connaît l’histoire telle qu’elle est rapportée dans les évangiles. Le Christ s’était rendu sur le mont Thabor avec Pierre, Jean, et Jacques. Ces derniers après s’être endormis, furent réveillés par la vue de Jésus entouré des prophètes Moïse et Elie, et paraissant transfiguré, dans une tunique d’une blancheur éclatante. C’est alors qu’ils prirent conscience de sa nature divine. Mais étaient-ils vraiment réveillés, ou n’étaient-ils pas plutôt victime d’un songe partagé, de nature hypnagogique ?
Dans celui-ci, malgré leur position horizontale, ils prennent conscience de la terrible opposition entre le bas et le haut. En bas la matérialité pesante des êtres de chair, et en haut l’immatérialité de l’âme, de la foi, et de toutes les utopies religieuses ou politiques, dont la Jérusalem céleste est l’emblème. Moïse et Elie, figures tutélaires, ne sont plus qu’une métaphore des forces germinatives de la nature, et se résolvent en poires, raisins, courgettes, pommes, blés, oignons, etc… selon la recette inventée par le grand Arcimboldo. Le christ, derrière ses airs de maître à penser, n’est que du vent : vent qui dessèche les corps jusqu’au squelette, mais aussi vent qui ensemence et purifie le monde.
Mais, comme souvent pendant le sommeil, les trois apôtres endormis (dont l’image est empruntée à Mantegna) sont surtout obsédés par leur mécanique interne, leur nature charnelle pleine d’os, de tendons, de boyaux, et de vésicules diverses. Jacques, sujet aux douleurs de poitrine, prend conscience de sa cavité thoracique ; de même Jean, qui à mal aux dents, découvre la mécanique compliquée de sa mâchoire ; quant à Pierre, qui est perclus de courbatures après l’ascension du mont Thabor, il se démultiplie en une foule d’écorchés, vision prémonitoire des martyrs chrétiens qui viennent lui demander des comptes.
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