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Auguste Mayer, (1805-1890, peintre de la Marine), vue de la Roche-Maurice, à côté de Landerneau, 1857, fusain, crayon noir, craie blanche, et estompe sur papier bistre 35,5 x 56 cm.
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Au début des années 1840, le
jeune Auguste Mayer (1805-1890, natif de Bretagne et peintre de la Marine) ainsi
qu’Eugène Cicéri (1813-1890) et Léon Gaucherel (1816-1886), furent recrutés par
le baron Taylor, concepteur et éditeur, avec Charles Nodier et Alphonse de Cailleux, des monumentaux « Voyages
pittoresques et romantiques de l’ancienne France » (1820-1878), pour
illustrer les deux volumes consacrés à la Bretagne, parus en 1845-1846.
Pour faire ces illustrations, les jeunes
artistes allaient dessiner d’après nature sur les sites remarquables, et
faisaient de nombreux croquis selon divers points de vue. Ces esquisses une
fois réalisées, certaines étaient choisies pour être affinées et traduites en
lithographies, avec ajout de détails et de personnages (parfois exécutés par un
autre dessinateur).
La Roche-Maurice, à côté de
Landerneau, faisait partie de ces sites remarquables et fut illustrée dans les
Voyages pittoresques par cinq lithographies. Le lieu est en effet très
romantique : on y voit, sur un promontoire rocheux dominant le cours
sinueux de l’Elorn et le village de La Roche-Maurice, les ruines de l’ancien
château médiéval de Roc’h Morvan (XIIe siècle) qui, durant les guerres de
religion, fut détruit par un incendie, puis abandonné : il servit dès lors
de carrière de pierre aux habitants du village en contre-bas.
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Reconstitution idéale du château médiéval du Roc'h Morvan (in http://andre.croguennec.pagesperso-orange.fr/lr/rochmorvan.htm)
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Auguste Mayer (dessinateur) et Eugène Cicéri (lithographe), De la Martyre à La Roche-Maurice, in "Voyages pittoresques et romantiques de l'ancienne France",1845-46
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Léon Gaucherel (dessinateur) et Eugène Cicéri (lithographe), Château de La Roche, in "Voyages pittoresques et romantiques de l'ancienne
France",1845-46
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Léon Gaucherel (dessinateur) et Eugène Cicéri
(lithographe), La Roche Morice (sic), in "Voyages pittoresques et
romantiques de l'ancienne
France",1845-46 |
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Eugène Cicéri
(dessinateur et lithographe), Château de La Roche, in "Voyages pittoresques et
romantiques de l'ancienne
France", 1845-46 |
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Eugène Cicéri
(dessinateur), Bellet (lithographe), Château de La Roche, in "Voyages pittoresques et
romantiques de l'ancienne
France", 1845-46 |
Sur les cinq lithographies des Voyages
pittoresques montrant le Roc’h Morvan (ci-dessus), deux sont d'après des dessins de Gaucherel, deux d'après ceux de Cicéri,
et une seule d'après un dessin de Mayer ; et ce n’est pas celle qui correspond au point de
vue du dessin retrouvé, présenté en début d’article. Ce dessin, exécuté par
Mayer au crayon noir, fusain, et craie blanche sur papier bistre, montre le
monticule et les ruines au milieu d’un paysage calme, où l’Elorn et le pont qui
le franchit ont une importance aussi grande que le Roc’h Morvan lui-même. Quand
Mayer a présenté l’esquisse correspondant à ce point de vue, il faut imaginer
que le baron Taylor lui a préféré celle de Gaucherel prise à l’opposé, depuis
le sud-ouest, qui montre au premier plan des blocs rocheux plutôt que des
maisons, et donne ainsi du site un aspect plus sauvage, correspondant mieux à
la vision romantique.
Mayer, habitué à dessiner
rapidement depuis les bateaux sur lesquels il naviguait, était un artiste
prolixe, et ses carnets devaient regorger de dessins et croquis, dont tous
n’aboutissaient pas d’emblée à une estampe ou un tableau. On lui doit une série
de dessins composés à partir des esquisses faites en 1838-1840 depuis la
corvette « la Recherche » pour une expédition française dans
l’atlantique nord et les îles scandinaves, à but scientifique, naturaliste et
ethnologique.
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Auguste Mayer, Expédition "La Recherche", 1938, Fusain, crayon, craie blanche, estompe sur papier bistre 28 x 43.5 cm |
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Auguste Mayer, La corvette « La Recherche » à Bjørnøya le 7 août 1838 |
En 1850, nommé professeur de dessin
à l’école navale de Brest, et navigant moins, il eut sans doute parfois le
désir de retravailler et d’aboutir certains de ses croquis restés sans
lendemain. C’est le cas pour le dessin retrouvé, présenté en en-tête de
l’article, signé et daté de 1857 ; il est aussi élaboré
et travaillé qu’une lithographie, et vient vraisemblablement, comme je l’ai
dit, de l‘esquisse faite une quinzaine d’années plus tôt dans le cadre de son
contrat avec le baron Taylor, mais non retenue.
Et il est amusant de constater que,
si la technique lithographique avait été inventée à la fin du XVIIIe siècle
pour reproduire au mieux les dessins, c’est ici le dessin qui finit par vouloir
imiter la lithographie !
Pour bien mesurer la différence
entre esquisse faite sur le motif et image définitive (lithographie ou dessin
fignolé), j’ai pris deux exemples de lithographies dont les dessins
préparatoires ont été conservés à la bibliothèque nationale :
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D’Eugène Cicéri, une esquisse de la Roche-Maurice, et sa
lithographie réalisée par lui-même.
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Eugène Cicéri, Vue du chateau de La Roche, esquisse et lithographie
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D’Auguste Mayer, une esquisse du « pavé » de Morlaix, et
sa lithographie réalisée par le lithographe Victor Petit.
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Auguste Mayer, esquisse pour le "Pavé de Morlaix" et lithographie correspondante de Victor Petit
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Il est étonnant de voir dans cette dernière, que mis à
part le redressement des perspectives et l’ajout de quelques anecdotes comme le
linge aux fenêtres, le lithographe est resté très fidèle au dessin original en
ce qui concerne le paysage. Par contre, alors que Mayer avait pris la peine de
croquer sur le vif les personnages, montrant l’animation du lieu, Victor Petit a
cru bon de les remplacer par des silhouettes en costume breton, beaucoup plus
convenues et figées que celle de l’esquisse d’Auguste Mayer. J’aimerais
retrouver l’esquisse originale de la vue de La Roche-Maurice de Mayer, tant il
paraît évident que lui-même, imprégné par l’esprit de la lithographie, a
rajouté au premier plan de son dessin des personnages convenus, comparables à
ceux que Victor Petit exécutait pour ces lithographies des Voyages pittoresques
et romantiques de l’ancienne France.