présentation des peintures synchronistiques

vendredi, juillet 25, 2025

IN VINO VERITAS

 

Gilles Chambon, IN VINO VERITAS, huile sur toile 150 x 390 cm, 2025

"IN VINO VERITAS"

 

Quelle vérité dans le vin ?

 

Tacite raconte que les Germains s’enivraient pendant de leurs conseils, pensant qu'ainsi les hommes s’exprimaient avec une plus grande franchise. Les chinois avaient aussi une maxime qui disait : « Après le vin, on a la parole vraie ». Ou encore, dans le Talmud babylonien, il était dit : « Vient le vin, sort le secret »...

Alors oui, le vin libère la vérité parce qu'il supprime momentanément les barrières psychologiques et sociales. Plus d'hypocrisie, plus d'affèteries, mais une vérité qui peut friser l'indécence et l'outrance...

Mais il y a bien plus que ça dans cet aphorisme ; la symbolique du vin atteint les couches profondes de notre imaginaire : Jésus qui change l'eau en vin, l'analogie entre le vin et le sang, le mystère de la coupe qui a reçu le vin pendant la dernière cène, et qui a ensuite recueilli le sang divin...

Il y a aussi Bacchus et ses mystères, dédiés aux forces fécondantes de la nature, qui sont libérées à travers l'orgie et l'ivresse.

 

Alors la vérité du vin est pour moi dans toute cette poésie, dans ces rêveries parfois profondes qu'il a suscité au cours des âges... et je me suis amusé à en donner une version personnelle, en m'appuyant synchronistiquement sur des personnages de Pierre de Cortone associées à des formes et des couleurs inspirées de André Lanskoy.

 

Quelques détails de cette grande toile :

 

Faune portant le "vannus" mystique, et bacchante tenant une coupe

 
Silène ivre chevauchant un âne


Le jeune Bacchus levant son verre, associé à quelques mystères symboliques

vendredi, juillet 11, 2025

Ulysse et les Sirènes

 

Gilles Chambon, Ulysse et les Sirènes, huile sur toile 45 x 63 cm, 2025
Dans l'Odyssée, chant XII, vers 39 et 40, la magicienne Circé met en garde Ulysse :

Σειρῆνας μὲν πρῶτον ἀφίξεαι, αἵ ῥά τε πάντας

ἀνθρώπους θέλγουσιν, ὅτις σφεας εἰσαφίκηται.

" Il vous faudra d’abord passer près des Sirènes. Elles charment tous les mortels qui les approchent. "

 

Les Sirènes sont le symbole des terreurs et fascinations de la mer, ainsi que l'archétype des femmes séductrices et insaisissables. Filles du dieu fleuve Achéloos et de la muse Terpsichore, leur légende est comme un palimpseste où chaque poète écrit sa version de leur origine, de leur nombre, de leur forme, et de leur pouvoir... mais tous s'accordent sur l'issue fatale qui guette le pauvre marin tombé sous leur charme. Seule une ruse permet d'en réchapper. Ainsi Ulysse, s'étant fait attacher au mât du navire, put profiter de leur beauté magique de leur chant sans en subir les mortelles conséquences. 

 

Pour éviter au spectateur de mon tableau d'être à son tour victime de leur charme maléfique, j'ai représenté les Sirènes de dos, empruntant leur mystérieuse poésie à deux jeunes filles de Paul Delvaux. Quant à Ulysse, qui les contemple de face avec un air apparemment très détaché, il a été pourtant bien été attaché au mât par le peintre Léon Belly (1827–1877). On perçoit néanmoins son trouble en constatant qu'à l'écoute et à la vue des Sirènes, son vaisseau perd peu à peu de sa substance, pour finir par ressembler à un tableau abstrait de Richard Diebenkorn (1922-1993).

vendredi, juillet 04, 2025

Suzanne et les vieillards

Gilles Chambon, Suzanne et les vieillards, huile sur toile 45 x 77 cm, 2025

L'histoire de Suzanne et les vieillards est horrible : deux vieillards voyeurs et concupiscents sont éconduits par Suzanne... pas de quoi en faire une affaire, me direz-vous. Mais à l'époque de la Bible, on ne rigolait pas, c'était un peu comme aujourd'hui chez les Ayatollahs : on tuait les femmes infidèles, et on tuait aussi les faux témoins. C'est ce qui arriva d'ailleurs aux deux vieux menteurs qui voulaient faire périr Suzanne en l'accusant d'adultère parce qu'elle avait osé leurs refuser ses charmes.

 

Alors pour rendre l'anecdote plus cool, j'ai rafraîchi la fable ! On y voit une Suzanne très posée, en train d'enseigner aux vieillards, qui n'en reviennent pas, les nouveaux codes de bienséance ainsi que l'emblème des luttes féministes.

On peut toujours rêver !

 

Les personnages sont empruntés à trois tableaux du Guerchin, et s'inscrivent dans un environnement cubiste inspiré d'Henri Hayden.