présentation des peintures synchronistiques

mercredi, mars 22, 2017

Sur un chemin qui ne mène nulle part

Gilles Chambon, Sur un chemin qui ne mène nulle part, huile sur toile, 53,5 x 64,5 cm, 2017
Dans ce tableau synchronistique, ma colonne de marcheurs est empruntée à une gravure de la série des Désastres de la guerre, de Francisco Goya, (estampe N° 70 « Ils ne connaissent pas le chemin »), tandis que le paysage vient d’un tableau de Pedro Marcos Bustamante (1921-2001) titré « Horizontes ». 
Cette cohorte somnambulique, venant d’on ne sait où et errant dans une sierra désolée,  évoque sans doute la parabole des aveugles.

Elle me fait aussi penser aux Chemins qui ne mènent nulle part, recueil de textes de Heidegger (publié en 1950), dans lequel il estimait que les philosophes avaient fini par nous conduire dans l’impasse,  leur réflexion s’étant fourvoyée sur les chemins de la métaphysique et des systèmes rationnels, qui ne mènent nulle part, dans la mesure où ils évacuent la transcendance de l’être.

La question du chemin serait moins sa destination, que le plaisir que nous pouvons avoir à l’emprunter. Il en est ainsi de la vie de chacun, qui, au bout du compte ne mène nulle part ailleurs que dans le tombeau… 
Les hédonistes profitent de la beauté du chemin, tandis que les croyants oublient le paysage et suent sang et eau dans l’espoir d’arriver à une destination que leurs aïeux ont inventée. C'est que la plupart d'entre nous gardent au plus profond d'eux-mêmes cette parcelle de naïveté enfantine (à moins que ce ne soit de la clairvoyance) qui les pousse irréfragablement à croire à l'utopie... et à rechercher le meilleur des mondes au bout des sentiers les plus improbables.

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