présentation des peintures synchronistiques

vendredi, octobre 19, 2012

Femmes peintres à l'aube du XXe siècle


Annie F. Shenton, Portrait d'élégante au chapeau, 1899, Collection privée

Depuis la Renaissance (et même avant) un certain nombre de femmes peintres ont été répertoriées par les historiens de l’art. Quelques-unes sont devenues très célèbres, comme Artemisia Gentileschi, qui fût la première femme admise à l’Accademia delle Arti del Disegno de Florence (première Académie européenne) en 1616 ; Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun, inscrite en 1783 à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture  au côté de trois autres femmes, Adélaïde Labille-Guiard, Anne Vallayer-Coster et Marie-Suzanne Giroust-Roslin ; Berthe Morisot - amie de Manet ; Mary Cassatt – amie de Degas ; Suzanne Valadon, mère d’Utrillo et première femme admise à la Société Nationale des Beaux Arts en 1894 ; Marie Laurencin – amie de Guillaume Apollinaire ; Frida Kalho - femme de Diego Rivera ; Sonia Delaunay, Tamara de Lempicka ; Vieira da Silva, première femme à obtenir le Grand Prix National des Arts du gouvernement français, en 1966, et enfin Léonor Fini.

On a l’habitude de penser que la société, machiste jusqu’à un passé assez récent, n’a pas permis aux femmes artistes d’exprimer pleinement leur génie. Cependant si l’on considère le nombre très réduit, jusqu’à l’aube du XXe siècle, des femmes peintres par rapport à celui de leurs collègues masculins (sans doute moins de 5%), elles n’ont pas à rougir de ce qu’elles ont laissé à la postérité : au Salon de peinture de 1889, elles exposaient  418 toiles sur 2 771, soit 15,1 % des œuvres présentées, proportion bien supérieure à leur réelle importance numérique dans la profession.

Il est vrai qu’elles se sont souvent davantage centrées sur certains genres comme le portrait, la miniature, ou les scènes de la vie domestique, plutôt que sur les grands sujets de la peinture historique. Mais cela ne retire rien à l’intérêt de leurs œuvres :
« … Les envois des femmes peintres ne consistent pas uniquement en des tableaux de fleurs, même si ce domaine est l’un de ceux où elles excellent, ainsi Éléonore Escallier, Victoria Dubourg ou Madeleine Lemaire. Scènes patriotiques ou historiques (qu’affectionnent particulièrement Laure de Châtillon ou Thérèse de Champ-Renaud), sujets mythologiques ou religieux (privilégiés par Adélaïde Salles-Wagner), et allégories sont présentés au Salon, aux côtés des scènes de genre, des paysages, des animaux, des natures mortes et des portraits qui regroupent la majorité des contributions. La catégorie dite des scènes de genre se décline de multiples façons : sujets historicisants, où s’illustre Jeanne Rongier, une élève d’Évariste Luminais, motifs orientalistes sur lesquels Henriette Browne, qui a effectué le voyage de Constantinople, assoit sa réputation ou, le plus souvent, images contemporaines. Si des artistes comme Jeanne Rongier ou Léonide Bourges s’attachent à dépeindre les activités des classes défavorisées, les futures impressionnistes Berthe Morisot et Mary Cassatt se limitent au quotidien de la vie bourgeoise. » (Denise Noël, Les femmes peintres dans la seconde moitié du XIXe s)

Leur émancipation en France à la fin du XIXe siècle tient au fait qu’elles sont acceptées comme élèves dans plusieurs grands ateliers parisiens, où on leur permet de suivre une formation identique à celle des garçons, notamment le dessin de nu d’après modèle vivant ; beaucoup de ces élèves viennent du monde anglo-saxon où ce type de travail ne leur est pas autorisé.

En 1881, Madame Léon Bertaux fonde l’Union des Femmes peintres et sculpteurs, association qui organisera chaque année des expositions féminines jusqu’en 1965. « Ses buts étaient simples : monter des expositions dans l’espoir de faire apprécier les productions des femmes en mettant ces dernières en rapport avec le public, acheteur éventuel. Mais elle nourrissait également des projets plus ambitieux qui lui tenaient à cœur : faire cesser l’exclusion des femmes à l’Ecole des beaux-arts et parvenir à ce que celles-ci puissent préparer le concours le plus prestigieux de l’Ecole : celui du Grand Prix de Rome. » (Chantal Beauvalot). « Reconnue d’utilité publique par décret le 16 juin 1892, l’Union réussit peu à peu à s’imposer comme une manifestation originale d’envergure, complémentaire des divers Salons officiels. »

Il reste évidemment beaucoup de ces femmes peintres à redécouvrir, particulièrement à la charnière des XIXe et XXe siècles. Annie F. Shenton, née à Londres (1875 - ? - active jusqu'en 1911), est l’une d’entre elles. Outre ses portraits sensibles de jeunes femmes (celui de Florence Emily Rotherham est exposé au musée du Brent, à Londres), nous lui connaissons une spécialité qui semble-t-il trouvait son public dans la société anglaise oisive, mais que les peintres hommes n’auraient sans doute pas jugé digne de leur talent : le portrait de chien de compagnie !

Annie F. Shenton, Portrait de Florence Emily Rotherham, 1899, Musée du Brent, Londres
Annie F. Shenton : Chien de chasse de la duchesse de Dunsborough, 1905 - Miniature de pékinois - Portrait de yorkshire terrier sur un coussin rouge, 1908
Annie F. Shenton, "Deux épagneuls japonais", 1898,  huile sur toile 41,1 x  56,3 cm


Mise à jour novembre 2019 : Annie F. Shenton fit aussi vers 1910 un joli portrait au pastel du peintre et graveur belge Jan De Clerck : 

 

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