Ville-monde, aquarelle de G. Chambon (détail)
Poème extrait de « Tendances nuageuses », G. Chambon, 2003
Les villes respirent et grandissent comme des orchidées
Et leurs dômes d'acier, plus fiers que des montagnes,
Un jour s'envoleront vers d'autres horizons
A travers les étoiles, ils diront les louanges
(Mais pour quel univers) de la Jérusalem céleste enfin réalisée.
Aujourd'hui, cela crève les yeux,
Les villes secouent l'échine, hurlent par leurs banlieues
Et leurs grands tentacules projetés en avant
Déjouent allègrement toute espèce de contrôle
Regardez ces machines, enfouies sous le béton
Elles pensent pour nous…
Leurs microprocesseurs calculent sans relâche
Ils tirent les ficelles et inventent les lois.
Sachez que les abeilles, bien avant nos ancêtres
Ont construit des cités
Les reines y demeurent sans pouvoir et sans gloire.
Les ordres sont donnés par l'Esprit de la ruche
Implacable, invisible, il commande aux insectes.
Voyez donc la ville : c’est un monstre naissant.
Pièce à pièce, malgré nous, nous forgeons son cerveau
Et ses ordinateurs, robots, et automates,
Bientôt nous chasseront
Alors, l'homme traqué reviendra aux cavernes
Pour échapper aux pièges des grandes cités vides.
Tapi dans l'ombre, les yeux exorbités,
Il les regardera partir, dans l'espace infini
D'astre en astre, il les verra glisser
Pareilles à d'immenses diatomées
Toutes caparaçonnées de grills iridescents,
Projetant au hasard les reflets argentés
D'innombrables canons dressés sur leurs donjons.
On verra cependant, sur leurs murs colossaux
Défiant les météores
La trace pétrifiée
Des créateurs humains retournés au néant.
Ce seront des statues, grandes, énigmatiques,
Dont les corps enlacés parleront aux étoiles
Et leur diront qu'un jour, dans un lointain passé,
Les villes et les hommes, mus d'amours réciproques
Avaient formé le voeu de mêler leurs destins.
présentation des peintures synchronistiques
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