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Gilles Chambon, "Le jugement de Pâris", huile sur toile 66 x 120 cm, 2024 |
Tout le monde connaît la
légende : Eris, déesse de la discorde, a promis une pomme d'or à la plus
belle des déesses, et c'est Pâris, le prince troyen qui garde les moutons sur
le mont Ida, qui est choisi par Zeus pour juger laquelle des trois postulantes
Héra, Athéna, et Aphrodite doit remporter le titre. Jugement pipé puisque
chacune l'a soudoyé en lui promettant l'une le pouvoir sur tous les hommes,
l'autre la victoire à tous les combats, et la dernière, l'amour d'Hélène, la
plus belle des mortelles. C'est évidemment Aphrodite qui est désignée par le
jouvenceau : et conformément à sa promesse, elle permettra à Pâris
d'enlever la belle Hélène, provocant la terrible guerre de Troie.
Les pommes ont toujours joué un
rôle important dans l'imaginaire occidental : pommes tentatrice d'Adam et
Ève entraînant leur éviction du paradis, pommes d'or du jardin des Hespérides
dérobées par Héraclès puis restituées grâce à Athéna, pomme de discorde lancée
par Éris, pomme de danger, visée par par Guillaume Tell sur la tête de son
fils... auxquelles il faut ajouter la pomme d'amour entourée de sucre rouge,
inventée vers 1900, et les fameuses pommes de Cézanne dont il dira, en faisant
un clin d'œil au jugement de Pâris : "Avec une pomme, je veux étonner
Paris !".
Pour mon "jugement de
Pâris", synchronistique comme il se doit, j'ai donc emprunté trois pommes
à Cézanne, et les ai placées sur la tête des déesses, incarnées par "trois
femmes nues" (August Macke). Tel Guillaume Tell, un petit Cupidon, inspiré
de Raphaël, aide Pâris à se décider, en visant l'une d'entre elles, qui sera
forcément la pomme d'amour ! J'ai remplacé le mont Ida par un décor
abstrait interprété d'une composition de Pierre Pen-Koat (né en 1945). Quant à
Pâris, il fait directement référence au tableau de Nicolas Poussin sur ce
thème.