Gilles Chambon, La métamorphose du minotaure, huile sur toile 65 x 54 cm, 2022 |
Le minotaure représenté ici est repris d’une nature morte de Picasso (Buste de minotaure), dernière d’une série de quatre, réalisée en novembre 1938. Marie-Laure Bernadac a dit que « la dualité physique du minotaure est l’alter-ego par excellence du peintre, son double. Il incarne l’opposition entre l’ombre et la lumière, le bien et le mal, la sauvagerie et l’humanité » (« la Minotauromachie, 1935 », 2006).
Je me suis donc métamorphosé à mon tour en minotaure, en me coulant dans la conscience de Picasso, mais en l’adoucissant et l’adaptant toutefois à ma personnalité, caractérisée, entre autres, par une volonté de douceur… La nature morte anguleuse et acidulée du peintre s’est alors transformée en une composition instable et joyeuse, où dominent les courbes, et une palette de bleus, de verts, et d’ocres clairs.
Elle est issue du rapprochement synchronistique entre le tableau de Picasso et un paysage breton d’Henri Le Fauconnier (1881-1946), tout en galbes et en verdure (paysage de Ploumanach, 1913), renversé et métamorphosé par le minotaure-peintre auquel je me suis identifié.