présentation des peintures synchronistiques

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lundi, mai 13, 2024

Chevalier contre dragon

 

Gilles Chambon, Chevalier contre dragon, huile sur toile 46 x 61 cm, 2024

Le combat du chevalier et du dragon est un des thèmes les plus répandus dans l'imaginaire universel. En Occident, on le retrouve dans le combat de Saint Michel contre Satan, et de Saint Georges contre le dragon (lui-même reprenant l'image égyptienne d'Horus terrassant Seth). On le voit aussi dans la légende nordique de Sigurd-Siegfried tuant Fafnir, ou dans la mythologie hindoue où Indra tue Vritra...

 

Les significations symboliques de ce conte sont multiples, mais j'y vois personnellement une métaphore du combat de la civilisation contre la barbarie, dont malheureusement le XXIe siècle nous rappelle chaque jour l'actualité.

 

Cette peinture synchronistique réinterprète le St Georges et le dragon de Vittore Carpaccio, avec deux édifices empruntés à Giogio de Chirico pour exprimer les règles civilisatrices, qui apportent la stabilité figurative à un environnement pictural abstrait. Celui-ci est inspiré d'une peinture de Giuseppe Ajmone, et est en train de se transformer en vrai paysage, entérinant la victoire du chevalier civilisateur.

vendredi, mai 03, 2024

Une vie pèse lourd

 

Gilles Chambon, "Une vie pèse lourd", huile sur toile 61 x 52 cm, 2024

La vie de chaque être humain est inconsciemment portée par ses superstitions et par ses rêves. Le poids des années alourdi la charge, les superstitions s'affaiblissent, et les rêves s'évaporent peu à peu...

 

Pour exprimer cette fatalité douloureuse, j'ai synchronistiquement eu recours au "vol des sorcières" de Francisco Goya, planant dans un désordre abstrait inspiré de Giuseppe Ajmone ("Tempête", 1958), et d'où émerge quelques fragments d'une rêverie architecturale du védutiste  Apollonio Domenichini (XVIIIe s., Venise).

samedi, avril 20, 2024

Descente de croix

Gilles Chambon, Descente de croix, huile sur toile 60 x 81 cm, 2024
 

La treizième station du Chemin de croix est la descente de croix, où Joseph d’Arimathie et Nicodème détachent et déposent le corps de Jésus.

 

Fin d'une épopée, et lamentations crépusculaires, avant que l'espoir ne renaisse par la résurrection. Dans ce monde qui vient de perdre son dieu et qui n'a pas encore les éléments pour croire en une vie nouvelle, tout se délite et se mélange, les visages et les paysages ont perdus leurs traits expressifs.

C'est comme une terre qui se ravine sous la pluie avant que les graines enfouies ne germent et lui redonnent sa beauté.

 

Pour exprimer cette dissolution des figures, j'ai intégré synchronistiquement un fragment de descente de croix de Luca Cambiaso (sanguine - on pourrait le dire précurseur du cubisme, dans la mesure où les personnages de ses esquisses ont des têtes cubiques sans faciès !) dans un mélange fait de morceaux inspirés de Georges Braque (Violon et chandelier, 1910) et de Geer Van Velde (Composition, circa 1966).


vendredi, mars 22, 2024

Theatrum Mundi

Gilles Chambon, Theatrum mundi,

huile sur toile 50 x 65 cm, 2024

Le théâtre du Monde : « la vie de l'homme sur Terre est une comédie, où chacun oublie qu'il est en train de jouer un rôle » (Jean de Salisbury, Le Policratique, Genève, 1372).


... Et dans cette grande tragi-comédie humaine, civilisation et barbarie ne cessent, depuis l'origine, de s'entremêler, de s'affronter, et de conduire les plus brillantes sociétés vers la décadence et la catastrophe finale. L'Atlantide en fut un symbole. C'est pourquoi elle est présente dans cette peinture synchronistique, faite de la rencontre (et de l'affrontement) entre un tableau d'une série sur l'Atlantide que j'avais composée en 2000, et d'une toile de André Lanskoy (1902-1976) «Composition circa 1974», huile sur toile 14x18 cm. Quant aux deux Colosses, qui symbolisent les violentes forces antagonistes ébranlant de plus en plus notre Theatrum mundi contemporain, je les ai empruntés à Francisco Goya : celui du Prado (huile sur toile 116×105 cm, après 1808) et une gravure à l'aquatinte (entre 1814 et 1818).

lundi, mars 18, 2024

Galatée

 

Gilles Chambon, Galatée, huile sur toile 73 x 50 cm, 2024

Galatée, à la peau blanche, est une nymphe marine dont Ovide nous raconte qu'elle aimait Acis le berger. Le cyclope Polyphème tua celui-ci par jalousie, et Galatée, voyant des filets de sang sous le rocher qui avait écrasé son amant, les changea en rivière pour s'y baigner tous les jours.

C'est sans doute les petites taches rouges que l'on devine sur ce tableau synchronistique.

 

Il réinterprète une Galatée de Paolo de Matteis (1662-1728), et la fait évoluer dans un paysage désagrégé, reconstruit à partir d'une peinture abstraite d'André Lanskoy (" Les soucis des insouciants", 1960). 

 

Ce conte mythologique m'a inspiré la symbolique suivante : Polyphème représenterait les tempêtes qui font périr de nombreux marins amoureux de la mer... et les reflets rougeoyant des couchers de soleil sur les eaux parcourues par les frissons du vent, sont une façon d'évoquer les âmes défuntes, de leur faire un clin d'œil posthume.

jeudi, février 29, 2024

Le ciel hostile

 

Gilles Chambon, Le ciel hostile, huile sur toile 180 x 170 cm, 2024


"...J’écoute les bruits de la ville
"Et prisonnier sans horizon
"Je ne vois rien qu’un ciel hostile
"Et les murs nus de ma prison...

 

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

 

 

Dans toutes les légendes, les dieux ont souvent puni les hommes, en leur envoyant des cataclysmes pour purger leur incurie. Ainsi l’histoire du déluge, mythe universel, grand nettoyage cathartique qui met fin à un monde corrompu. On le retrouve dans toutes les traditions : l’Epopée de Gilgamesh, le Mahâbhârata, la Bible, les Métamorphoses d’Ovide ; et ces mythes reprennent évidemment des traditions orales beaucoup plus anciennes encore. Plus près de nous, le rationalisme des XIXe, XXe, et XXIe s. s’en est aussi emparé et l'a réintégré dans ses récits scientifiques (cataclysmes météorologiques, impacts de météorites géantes, et aujourd'hui catastrophe écologique).

 

Ce tableau synchronistique est une rêverie sur ce thème, s'inspirant pour les dieux d'une gravure de Bernard Picart ("Le Déluge avec Zeus au-dessus des nuées", 1733, Amsterdam), pour les hommes de deux dessins de Maximilien Luce ("la révolte", dessin 43 x 30 cm) et de Nicolas Czinober (peintre d'origine hongroise, "La Révolte de Budapest", 1956, encre, 25 x 21.5 cm)... Pour le paysage, il y a du Zao Wou-Ki ("1.11.86", huile sur toile 89 x 116 cm) et du Nicolas Poussin ("La Translation miraculeuse de sainte Rita de Cascia", huile sur panneau de bois, 48,8 xx37,8 cm, Dulwich Picture Gallery).

dimanche, janvier 28, 2024

Diane et Actéon

Gilles Chambon, "Diane et Actéon", huile sur toile 73 x 54 cm, 2024

 

Actéon, le chasseur transformé en cerf et dévoré par ses chiens pour avoir profané la nudité d'Artémis/Diane :

- ce mythe a été interprété par Hans Biedermann (philosophe autrichien, 1930-1990) comme le souvenir d'un rituel ancien de sacrifice humain en hommage à Artémis ;

- Sartre y avait vu pour sa part une illustration du complexe du savant, pareil au « chasseur qui surprend une nudité blanche et qui la viole de son regard » ; donc l'homme détruit par sa soif de lumière, comme Icare se rapprochant trop du soleil.

 

Dans cet esprit on pourrait encore y voir une préfiguration symbolique de la violence révolutionnaire : ainsi Robespierre, icône de la Terreur, chassant et faisant guillotiner par la Convention tout supposé ennemi de la Révolution, avant que celle-là, ayant compris l'engrenage fatidique de l'idéologie révolutionnaire, se retourne contre lui pour le guillotiner le 9 thermidor de l'an II.

 

Ce tableau synchronistique détourne et réinterprète quelques fragments du Diane et Actéon du Cavalier d'Arpin (Louvre), ainsi que de la fresque de la chambre de Diane du château de Fontanellato (Le Parmesan). Deux des chiens dérivent aussi d'une fontaine de Diane et Actéon (jardin du Palais Royal de Caserte, Italie). Quant au paysage, il est une transposition personnelle d'un tableau de Claude Maréchal (1925-2009)  Printemps exubérant, 1982.

lundi, décembre 11, 2023

Hypnos

 

Gilles Chambon, Hypnos, huile sur toile 55 x 80 cm, 2023

Il tient quelques fleurs de pavot et, alangui, se laisse porter par la matière des rêves. Il est frère de la mort et maître absolu du sommeil... Nous l'appelons toutes les nuits et attendons qu'il pose ses ailes bienfaitrices sur notre esprit.

 

Ici, il est synchronistiquement incarné dans un Léandre de Nicolas Régnier (1588-1667), et flotte au-dessus de fragments éclatés d'une mandoline de Duong Sen (1949-).

lundi, novembre 20, 2023

Le supplice de Prométhée

Gilles Chambon, Le supplice de Prométhée, huile sur toile 70 x 70cm, 2023

Mon Prométhée a cette dimension christique, dans laquelle la fragilité humaine investit le corps du dieu ou du titan.

Enchaîné par Zeus au Caucase et supplicié pour avoir donné le feu aux hommes, il a le foie (flanc droit) déchiqueté chaque jour par le bec d’un aigle, comme le Christ, cloué sur la croix pour avoir incarné la parole de Dieu, a eu le flanc droit transpercé par une lance. On peut aussi le rapprocher de Saint Sébastien, lui aussi enchaîné à cause de sa foi, et transpercé de flèches, dont souvent l'une va au flanc droit. 

 

C’est d’ailleurs un tel Saint Sébastien de José de Ribera qui m’a servi de modèle dans ce tableau synchronistique, composé suivant les lignes d’un dessin aquarellé de Geer Van Velde, avec un fragment de décor emprunté à Giorgio de Chirico, et la silhouette d’un aigle prise à Rosa Bonheur.

dimanche, novembre 05, 2023

EUTOPIA

 

Gilles Chambon, Eutopia, huile sur toile 50 x 61 cm, 2023

Depuis l’Atlantide de Platon, les hommes ont souvent rêvé d’une société idéale. Et si les écrivains, tels Thomas More (Eutopia/Utopia) ou Samuel Buttler (Erewhon), ont insisté sur le caractère imaginaire de leurs rêves en les nommant « nulle part », beaucoup d’hommes politiques y ont cru et ont cherché à mettre en œuvre la société parfaite. Ils ont alors embarqué les populations crédules dans des aventures hasardeuses, qui, comme on le sait maintenant, se sont la plupart du temps mal terminées.

Ma toile est une allégorie de ces départs hasardeux vers des rivages qu’on imagine meilleurs. Elle est construite selon le principe synchronistique, en rapprochant une peinture représentant Venise, de François Quelvée (1884-1967), et un fragment d’apothéose (?) venant d’un dessin préparatoire du peintre très vénitien Pietro Liberi (1605-1687), réinterprété à ma façon.

vendredi, octobre 13, 2023

Sauvetage

 

Gilles Chambon, Sauvetage, huile sur toile 65 x 50 cm, 2023

L’immense héritage de la peinture occidentale est pour moi un sauvetage.

Il m’empêche de me noyer dans la tempête qui engloutit les arts plastiques depuis un demi-siècle.

 

On devine dans ce tableau synchronistique des figures anciennes montant dans une embarcation presque abstraite qui vogue sur des flots modernes… Ceux-ci viennent d’une marine de Courbet, l’esquif est réinterprété d’une « Infante Doña Margarita » de Manolo Valdes (né en 1942), et les trois personnages sortent pour l’une d’un « déluge » de Jean-François de Troy (1679-1752) et pour les deux autres d’un « Christ aux Limbes » d’Agnolo Bronzino ».

vendredi, septembre 22, 2023

Une danse enivrante

 

Gilles Chambon, Une danse enivrante, huile sur toile 54 x 65 cm, 2023


Trois jeunes femmes ont plaisir à perdre l’équilibre dans une danse enivrante au-dessus d’un paysage aride et chaotique… C’est la métaphore, peut-être, d’une humanité qui continue de danser aujourd’hui malgré le monde en perdition. C’est aussi l’énigme de la vie, dont le joyeux appétit l’a toujours poussé à dévorer le monde.

 

Cette toile synchronistique reprend les personnages d’un tableau du peintre symboliste allemand Franz von Stuck (1863-1928), placés dans un décor inspiré d’un fragment d’une œuvre abstraite de Jean Piaubert (1900-2002).

mercredi, août 30, 2023

Une grue s’est perdue

Gilles Chambon, Une grue s'est perdue, huile sur toile 65 x 46cm, 2023

Au Japon les grues sont associées à la longévité… Celle de ce tableau est empruntée à une peinture d’Hokousaï représentant Fukurokuju, l’un des sept dieux du bonheur, accompagné de l’échassier symbolique. 

Mais la grue s’est ici perdue synchronistiquement dans une composition abstraite que le peintre Youla Chapoval (1919-1951) fit à trente ans, deux ans avant sa mort précoce… Alors s’il n’y eut point de longévité pour Y. Chapoval, la grue signale néanmoins la pérennité et le bonheur associés à son œuvre magistrale (plus de 800 tableaux), que je suis heureux de contribuer à faire connaître.

lundi, juillet 31, 2023

Bellérophon et Chimère, ou l’utopie contre le pragmatisme

 

Gilles Chambon, Bellérophon et Chimère, ou l'utopie contre le pragmatisme, huile sur toile 60 x 73 cm, 2023

La mythologie grecque a fait rêver les artistes occidentaux depuis la Renaissance. Son pouvoir onirique et symbolique inépuisable agit encore aujourd’hui, comme le démontre ce tableau : Bellérophon monté sur Pégase, s’apprête à tuer Chimère, monstre à queue de serpent et à tête de lion doublée d’une chèvre. J’ai vu dans cette légende l’allégorie de l’utopie qui, montée sur le cheval ailé de la théorie, s’attaque aux petits arrangements de la politique pragmatique, qui font coexister dans la même cité le bien et le mal, l’utile et l’inutile, le beau et le laid, le fort et le faible… en un mot : tout et son contraire. Si le monde dans un premier temps se réjouit de la victoire du cavalier volant, qui fait table rase de la ville hybride pour construire un monde abstrait idéal, la suite de la légende nous apprend que Bellérophon, voulant rejoindre l’Olympe, est désarçonné par Zeus et précipité dans un désert où il termine lamentablement ses jours, estropié par sa chute. On peut y voir le destin de toutes les utopies qui ont oublié la complexité et les contradictions du monde réel, et finissent le plus souvent leur histoire par une catastrophe humanitaire.

 

Comme la plupart de mes compositions depuis une dizaine d’années, cette toile synchronistique s’appuie sur la réinterprétation d’œuvres existantes :

- une esquisse de Rubens pour "Bellérophon terrassant la Chimère" (de 1635, musée Bonnat-Helleu Bayonne),

- une ville lointaine d’un peintre vénitien de l’entourage de Giovanni Bellini (collection privée)

- une composition abstraite d’August Macke (de 1914, Albertina museum, Vienne).

jeudi, juillet 20, 2023

La tentation des pommes

 

Gilles Chambon, La tentation des pommes, huile sur toile 48 x 76 cm, 2023

         La pomme a révolutionné quatre fois l’imaginaire du monde occidental :

          

-       Une première fois en étant à l’origine du bannissement d’Adam et Eve du paradis terrestre ;

-       Une deuxième fois en déclenchant la guerre de Troie (après que Pâris eût offert à Aphrodite la pomme convoitée aussi par Héra et Athéna) ;

-       Une troisième lorsque Newton eut l’intuition des lois de la gravitation en rapprochant le mouvement de la lune et celui d’une pomme qui tombe de l’arbre.

-       Et enfin une quatrième fois avec Cézanne, dont les pommes révolutionnèrent la peinture moderne : « Avec une pomme, je veux étonner Paris » avait-il dit.

 

Le mythe de la pomme est ici transcrit de façon à montrer que, depuis le paradis terrestre, ce fruit, à la fois banal et particulier, dont les formes rebondies évoquent aussi celles des seins féminins remontés par le corset, a pu évaporer la raison des hommes…

 

Donc Adam et Eve toujours synchronistiquement recommencés autour d'une histoire de pommes... avec le concours gracieux d'Antonello de Messine, de Kurt Schwitters, de Carlo Carrà, et de Pierre-Auguste Renoir ! (... et un soupçon de Michel-Ange pour le bout de la queue du serpent)…

dimanche, juin 25, 2023

Le Ciel et la Terre

Gilles Chambon, Le Ciel et la Terre, huile sur toile 50 x 65 cm, 2023

 

Le monde vivant est instable…

Entre le ciel et la terre, entre l’ennui et la passion,

Entre la liberté et la prison.

Chacun trace sa route à travers tous les obstacles,

Comme une rivière qui fait son lit entre les montagnes et les plaines

Pour atteindre l’océan à l’horizon.

Nos pieds sont sur un sol friable,

Mais notre regard se tourne vers le ciel lointain

Où s’accomplira un jour notre destin.

 

Cette composition synchronistique reprend des éléments issus d’illustrations que j’avais fait en 1999 pour les signes zodiacaux. Et le ciel s’inspire d’un collage sans titre de 1961 de Karel Malich (1924 - 2019).


mardi, juin 06, 2023

Chère liberté


Gilles Chambon, Chère liberté, huile sur toile 100 x 150 cm, 20232
 

La liberté est un concept beaucoup plus complexe et ambivalent qu’on ne le croit généralement… C’est, comme nous le rappelle le sixième couplet de la Marseillaise, un combat permanent, contre toutes les formes d’asservissement et de tyrannie ; on la chérit, mais elle peut être chèrement payée.

Et puis elle n’est jamais totale. Nous avons besoin aussi de nous créer nous-même des règles et des servitudes, sans lesquelles la vie collective (et même la vie individuelle) serait impossible.

Dali, qui aimait les métaphores alimentaires, disait à ce propos qu’il détestait les épinards parce qu’« ils sont informes, comme la liberté ».

Et en effet la liberté totale peut être synonyme de conduite erratique et d’égarement. Toute forme structurée est toujours contrainte, et sa beauté lui vient sans doute du jeu subtil entre rigidité et souplesse, uniformité et diversité, ordre et liberté.

Pour citer encore Salvador Dali, il affirmait : « Pas de chef-d'œuvre dans la paresse ! ». Et donc la liberté d’une œuvre, comme la liberté chérie conquise contre l’oppression, quelle que légère qu’elle puisse paraitre, témoigne toujours d’un long effort, qui mêle combat, respect, et amour.

 

Ainsi mon tableau, synchronistiquement composé, est libre et contraint, il glorifie la liberté, et met en garde contre elle :

 

-       D’abord il fait un clin d’œil à l’abolition de l’esclavage (les deux femmes de gauche sont reprises du détail d’un tableau de François-Auguste Biard "L'Abolition de l'esclavage dans les colonies françaises en 1848") ;

 

-       Le personnage central, provenant d’une « Etude de nègre d’après le modèle de Joseph » de Chassériau (1838, faite pour Ingres qui voulait l’utiliser pour la personnification du Démon dans une « Tentation du Christ »), représente toute l’ambivalence de la liberté : liberté de la nudité, mais aussi violence de l’état sauvage, non civilisé, cliché que j’ai tempéré en lui mettant dans la main gauche le bouquet de fleurs de Banksy…

 

-       L’ange en haut à droite, qui est interprété d’un détail d’un St Jérôme d’Alonso Cano (1601-1667), est là soit pour sonner l’espoir de la liberté, soit pour en annoncer les dangers ;

 

-       Quant au fond, il provient de la réécriture d’un fragment du tableau « D’une étrange cité », du Danois Mogens Balle (1921-1988), architecte à l’origine, et qui comme moi s’est tourné vers la peinture pour se libérer de contraintes constructives… Tout en utilisant son savoir constructif dans ses toiles abstraites!



mardi, mai 09, 2023

La joueuse d'échecs

 

Gilles Chambon, La joueuse d'échecs, huile sur toile 60 x 81 cm, 2023

Dans chaque partie d’échecs, la disposition des pièces, à un moment donné, ouvre à l’un des joueurs le chemin de  la victoire. 

 

Pour la peinture synchronistique, les pièces sont les fragments de tableaux empruntés à l’histoire de la peinture, et le joueur que je suis cherche la disposition optimale pour remporter la partie esthétique qui se joue dans chaque toile. Sans s’interdire grand roque et petit roque, par inversion symétrique ou renversement des pièces picturales mises en œuvre.

 

Ici la joueuse d’échecs (comme un double érotique imaginaire) vient d’une superbe peinture du peintre américain Léon Kroll (1884-1974, nu allongé dans un intérieur, 1929), aux prises avec une nature morte inspirée du peintre suisse Eugen Früh (1914-1975, nature morte 1960-61), et avec un fragment détourné de la Nature morte verte de Picasso (1914, Moma, New York).

vendredi, avril 28, 2023

Les oiseaux d’Hatchepsout

 

Gilles Chambon, Les oiseaux d'Hatchepsout, huile sur toile 46 x61 cm, 2023

Dans ce tableau, j’ai ressuscité synchronistiquement deux oiseaux morts de l’Égypte ancienne, qui viennent d’une peinture murale du temple funéraire d’Hatchepsout à Deir Al-Bahari près de Louxor, représentant un ensemble de victuailles offertes au dieu Amon.

 


L’histoire de la reine Hatchepsout (c. 1500 av J-C — c. 1457 av J-C) est édifiante et entre en résonnance avec certaines problématiques contemporaines : bien qu’elle fût une remarquable souveraine, et que l’Égypte sous son règne fût au maximum de sa prospérité, son beau-fils, Thoutmôsis III, prit la décision de la « canceliser », pour qu’une femme ne puisse devenir un modèle de pouvoir. Il fit donc disparaître toutes ses statues, la raya des tablettes, et s’appropria même son temple funéraire, si bien qu’on ne redécouvrit son existence qu’après Champollion. Son souvenir fut donc peu à peu ressuscité, grâce à l’égyptologie moderne.

 

De la même façon les deux canards morts de l’offrande à Amon ont retrouvé la vie au contact d’une peinture moderne abstraite, « Composition 1981 » de Hans Hermann Steffens (1911-2004), elle-même synchronistiquement transfigurée pour devenir une sorte de paysage.

 


 


lundi, avril 10, 2023

Sérénade

 

Gilles Chambon, Sérénade, huile sur toile 73 x 100 cm, 2023

Merci à Picasso pour m’avoir prêté l’arlequin (1914, collection privée) qui, tel une apparition, donne une sérénade à deux jeunes femmes accaparées par leurs rêveries. L’une d’elle est ma fille cadette, l’autre est une évocation de la reine Isabeau, due aussi au peintre catalan (1908, musée Pouchkine, St Petersbourg).

 

C’est une sérénade pour inciter à cueillir les bonheurs de la vie dans toutes ses facettes, à l’image du costume d’Arlequin, et dans tout son vrombissement informel comme l’exprime le décor noiseux interprété d’une peinture de Mark Rothko de 1946, « aquatic drama » qui évoquait d’étranges fœtus jumeaux dans un utérus symbolisant l’élément marin où foisonnent toutes les premières formes de la vie.

La synchronicité joue donc ici bien son rôle, en donnant une sérénade picturale, hommage à tous les souvenirs et toutes les joies qui émaillent notre existence.