présentation des peintures synchronistiques

mardi, octobre 02, 2018

Saint Georges combat le dragon

Gilles Chambon, Saint Georges combat le dragon, huile sur toile 82 x 65 cm, 2018
Le chevalier tueur de dragon est un symbole universel qui illustre le combat du bien contre le mal, et au-delà, la lutte de la vie contre la mort. Dans la tradition chrétienne, ce symbole est personnifié par l’archange Saint Michel terrassant le démon, et par Saint Georges vainquant le dragon et libérant la princesse de ses griffes.

Pour rendre la violence de cet affrontement symbolique, j’ai choisi de travailler synchronistiquement avec un tableau de Willem De Kooning de 1948 (« Asheville », de même format que ma composition, mais de sens inversé) associé à un petit croquis de Léonard de Vinci (13,8 x 19 cm, British Museum), représentant un cavalier aux prises avec un dragon (croquis de 1481, lui ayant notamment servi pour un cavalier à l’arrière plan de son Adoration des mages inachevée (musée de Offices):

De Kooning, Asheville, 1948, huile et émail sur carton, 61,5 x 81 cm, Pillips Collection, Washington

Léonard de Vinci, Cavalier combattant un dragon, c. 1481,  feuille d'esquisse 13,8 x 19 cm, British Museum
Le tableau de De Kooning peut sembler à première vue chaotique et spontané, mais il est au contraire un assemblage savant de formes issues de différents types de collages, transposées à la peinture, et de traits noirs rajoutés, calligraphiés avec un pinceau de peintre d’enseignes. On dit qu’il a mis plusieurs mois à le réaliser. Quoi qu’il en soit, il m’a frappé par cette espèce d’affrontement des formes et des couleurs entre elles, chorégraphié avec un puissant mouvement, démultiplié à tous les niveaux.

Pareillement, le petit croquis de Léonard qui traite directement du sujet (même si l’on est pas sûr qu’il ait forcément voulu en faire un Saint Georges), exprime la violence du choc des deux adversaires par l’invraisemblable torsion de l’encolure du cheval, par la gestuelle et la physionomie farouche du cavalier, et par l’élan sinueux du monstre,  toutes griffes dehors pour attraper et mordre le bouclier.

Dans ma peinture, la composition de De Kooning est transformée en une sorte de paysage dévasté et soumis à un puissant cyclone métaphysique, dont l’œil noir semble faire cabrer le  cheval. Le mouvement des protagonistes s’inscrit exactement dans le flux magnétique qui oriente toutes les lignes.

dimanche, septembre 23, 2018

Les chemins d’Utrillo

Gilles Chambon, Les chemins d'Utrillo, huile sur toile 60 x 80 cm, 2018
Ce tableau est un clin d’œil à Maurice Utrillo, dont je ne suis pourtant pas particulièrement amateur. 

Mais c’est un peintre qui intrigue : naïf, maladroit, répétitif, et en même temps si sensible et si juste dans sa restitution des paysages de Montmartre et de la banlieue. Avec lui l’ordinaire, le prosaïque, le banal, prennent une dimension presque métaphysique. Qu’il éclabousse les rues de pluie, de neige, ou de soleil, les petits bonshommes et les dames à gros derrière qui arpentent ses chemins restent imperturbables, fuyant d’un pas décidé vers on ne sait quelle destination.

Ses bonshommes et ses rues au sol éclaboussé, c’est sans doute ce que je trouve de plus singulier chez lui, même si ce qui le caractérise habituellement est plutôt le paysage de carte postale de Montmartre. 

J’ai donc fait abstraction du décor, pour tenter de me concentrer sur  ce que nous disent de lui ces personnages zombifiés qui se croisent sur des pentes tantôt douces et tantôt abruptes, parfois sèches et poussiéreuses, parfois glissantes de pluie, ou encore uniformisées par un mince manteau de neige. Alors apparaît peut-être le paysage intérieur de l’artiste, reflet de ses espoirs et de ses angoisses. 

Ne dérogeant pas à ma méthode synchronistique, j’ai assemblé ces fragments empruntés à Utrillo sous un ciel chargé de Goya, symbolisant pour moi les intempéries qui secouent l’âme humaine. 

Francisco Goya, Scène de guerre, 1808-1812, huile sur panneau, 72 x 99,5 cm, CABA, Buenos Aires

mercredi, septembre 19, 2018

Peindre les cataclysmes

John Martin, Le grand jour de Sa colère, c. 1851, huile sur toile 196,5 x 303,2 cm, Tate Gallery
Le tableau de John Martin (1789-1854) qui introduit cet article est une sorte de jugement dernier. Il fait partie d'un triptyque «d'images du Jugement» inspiré de la description du Jugement dernier dans le livre de l'Apocalypse de Jean. Dans "le Grand Jour de Sa colère", la vision apocalyptique de Martin suit de près le récit biblique: il y a eu un grand tremblement de terre et le soleil est devenu noir et la lune est devenue du sang. Et le ciel s'exfolie... et chaque montagne et chaque île bougent hors de leur place. La terre s'écroule sur elle-même, soulignant l'inutilité des tentatives de l'humanité pour résister à la volonté de Dieu.

Mais le premier des cataclysmes représenté par les peintres est évidemment le déluge, qui est un mythe universel, une sorte de grand nettoyage cathartique, table rase mettant fin à un monde corrompu. On retrouve le mythe du déluge dans la plupart des traditions antiques : l’Epopée de Gilgamesh, le Mahabharata, la Bible, ou encore les Métamorphoses d’Ovide. Aux XIXe et XXe s., le rationalisme s’en est aussi emparé pour le réintégrer tant bien que mal dans le récit scientifique (hypothèse du souvenir de cataclysmes météorologiques, sismiques, ou d’impacts de météorites géantes). 

S’agissant des peintres occidentaux, le sujet principal de la peinture de cataclysmes reste bien sûr le déluge de la Bible, celui de Noé. Mais à partir de la Renaissance, celui de Deucalion et Pyrrha, décrit dans les Métamorphoses d’Ovide, (et dans le récit du pseudo-Apollodore où ce déluge clôt l’ère de la race de bronze), est également traité par les peintres. 

Ajoutons aussi l’histoire de Philémon et Baucis, également rapportée dans les Métamorphoses, où l’on voit un déluge emporter tous ceux qui, contrairement au couple précité, ont refusé l’hospitalité à Hermès et Zeus qui s'étaient déguisés en mortels.

Peter Paul Rubens, paysage avec Philemon et Baucis, 1620, Kunsthistorisches Museum, Vienne
Mais examinons d’abord l’évolution des représentations du déluge de Noé ; les premières qui nous soient parvenues datent du VIIe siècle. L’arche est le sujet principal, et devant, on voit flotter des corps sans vie, d’humains et d’animaux, à la surface des eaux :

Manuscrit du Pentateuque d'Ashburnham, le Déluge, VIIe siècle, papier 37x32cm Bibliothèque Nationale de France (Nouv. Acq. Lat. 2334. F9)
Le Déluge de Noé, par William de Brailes, ca. 1250 encre et pigment sur parchemin, Walters Art Museum, Baltimore
Le Déluge de Noé, mosaïque de XIIIe s., Narthex de la Basilique Saint Marc, Venise

Le Déluge de Noé, Manuscrit anglais du XIVe siècle (Bible de Holkham c.1320-30 )

Après le Moyen-Âge, cette scénographie macabre perdurera chez quelques artistes jusqu’au XVIIe siècle:

Le Déluge avec l'Arche de Noé, gravure, Lucas Cranach, 1523 - 1526
Destruction de l'humanité par le déluge, gravure de Johann Sadeler, d'après Maerten de Vos, 1586
Le déluge détruit la vie sur terre, Crispijn de Passe l'Ancien, gravure faisant partie d’une série réalisée pour la première édition du «Liber Genesis», 1612
Après le déluge, dessin de Cornelis Cornelisz Van Haarlem (1562-1638)

Après le Déluge, gravure de Crispijn de Passe le Vieux, 1612
Mais très vite les peintres préféreront montrer davantage d’action, de mouvement, et de dramaturgie. Ils choisiront donc, pour la plupart d’entre eux, soit le moment où les eaux commencent à monter et où tout le monde cherche à grimper sur des arbres ou des escarpements, soit le moment où, l’étendue liquide ayant presque tout recouvert, hommes et animaux nagent et cherchent à s’accrocher aux objets flottants. Par ailleurs l’arche de Noé a tendance à s’éloigner, jusqu’à devenir parfois presque imperceptible sur l’horizon. On voit ainsi que le sujet religieux cède peu à peu la place à la dramaturgie des groupes humains ou des éléments déchaînés rendant le paysage terrifiant.

Le Déluge, miniature du Maître de L'Échevinage, manuscrit de La Cité de Dieu, de St Augustin (BNF Fr. 28, fol. 66v), troisième quart du XVe s.


Anonyme italien (c 1450-1499), le Déluge, huile sur panneau, 122 × 98 cm, Rijksmuseum, Amsterdam
Jan Brueghel l'Ancien, Le Déluge avec l'arche de Noé, 1601. Huile sur cuivre, 26,5 x 36 cm, Kunsthaus, Zürich
Johann Sadeler, Le début du Déluge, Gravure (entre 1586 et 1636) d'après un dessin de Maerten de Vos

Cristobál de Villalpando, Le Deluge, 1689, huile sur cuivre 59 x 90 cm, cathédrale de l'Immaculée-Conception de Puebla, Mexique

Adam Elsheimer, Le Déluge (c 1600), huile sur cuivre, 26.5 × 34.8 cm, Städelsches Kunstinstitut und Städtische Galerie, Francfort-sur-le-Main

Peintre anonyme romain du XVIIe siècle, Le Déluge - Wannenes Art Auctions - Casa d'Aste
Anonyme flamand du XVIIe siècle, Le déluge, huile sur toile 47 x 55 cm

Pietro Liberi, Le Déluge, C. 1661, huile sur toile 375×775 cm, église santa Maria Maggiore, Bergame

Quelle que soit la scénographie choisie, à partir de Michel-Ange et pendant toute la période maniériste, représenter le déluge est l’occasion de montrer des corps dénudés dans des attitudes extrêmes et dramatiques, en une véritable symphonie anatomique. 

Michel-Ange, Le Déluge (c 1509), fresque, 280 x 570 cm, Chapelle Sixtine, Vatican
Atelier de Raphaël (principalement Penni et Giulio Romano), Le Déluge, 1518-1519, fresque, loggia de Raphaël, troisième arcade,  palais du Vatican
Pontormo, dessin d'étude (c. 1546-56) représentant un groupe de morts pour le Déluge, qui faisait partie des fresques détruites du chœur de San Lorenzo, à Florence. dessin conservé au cabinet des dessins du musée des Offices
Joachim Wtewael, Le Déluge (1595), huile sur toile 148 x 184.6 cm, Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg
Cornelis Cort, Le Déluge, d'après un dessin de Maarten van Heemskerck, entre 1559 et 1601
Antonio Carracci, Le Déluge, entre 1616 et 1618, huile sur toile 166 x 247 cm, musée du Louvre
Entourage de Jacopo Bertoja (Parme), Le Déluge, c. 1560-1574, peinture localisation inconnue, photo Fondation Federico Zeri

Cette tendance se poursuivra jusqu’aux XIXe et début du XXe siècles, comme en témoignent : 
Un grand tableau de 1806 de Anne-Louis Girodet (Louvre), où un focus est réalisé sur les efforts de survie d’un couple avec deux enfant et un aïeul :

Anne-Louis Girodet, Scène du Déluge, c. 1806, huile sur toile 4,41 x 3,41 m, musée du Louvre

Ou encore une gravure de 1866 de Gustave Doré, qui nous montre des grappes humaines en détresse, et quelques animaux exotiques :

Gustave Doré, Le Déluge détruisant le monde, gravure de 1866

Enfin un tableau de 1911 de Léon Comerre (musée de B-A de Nantes), où humains et animaux sont blottis ensemble en un groupe grelottant sous la pluie, dans une situation désespérée :

Léon Comerre, Le Déluge de Noé et ses compagnons, vers 1911, huile sur toile 345 x 448 cm, musée des Beaux-Arts de Nantes

À l’opposé, un tableau de Nicolas Poussin représentant le Déluge, et symbolisant l’hiver, (Louvre), met l’accent sur le cadre naturel qui donne l’ambiance hivernale, et la disposition des quelques personnages, tous vêtus, et dont les rôles clairement identifiés renvoient aux comportements humains face à la noyade.

Nicolas Poussin, L'hiver ou le Déluge, c. 1660-1664, huile sur toile 118 x 160 cm, musée du Louvre

Inspiré par ce Déluge de Poussin, Géricault fit en 1818 une scène de déluge qui préparait sa propre méditation sur les réflexes ultimes de survie face à une nature impitoyable, thème du Radeau de la Méduse (1819) alors en gestation.

Théodore Géricault, Scène de déluge, c. 1818, huile sur toile 97 x 130 cm, musée du Louvre
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Certaines représentations illustrent le passage des Métamorphoses d’Ovide décrivant le Déluge de Deucalion et Pyrrha : elles sont très semblables à celles du Déluge de Noé (on y voit même souvent une arche à l’arrière plan, bien que le texte d’Ovide parle plutôt d’un frêle esquif permettant à Deucalion et Pyrrha d’atteindre le sommet du Mont Parnasse, seul endroit épargné par le cataclysme).

Virgil Solis, Le déluge, gravure illustrant Les Métamorphoses d'Ovide, 1581

On y voit parfois aussi les dieux qui surplombent la scène, ou un personnage ailé représentant Éole ; on sait alors qu’il s’agit de la mythologie gréco-romaine, et non de la Bible.

Carpioni Giulio, Le déluge de Deucalion et Pyrrha, c. 1675, huile sur toile, 88 cm x 68 cm Bergame, Pinacoteca dell'Accademia Carrara
Bernard Picart, Le Déluge avec Zeus au-dessus des nuées, gravure, 1733, Amsterdam

Certains peintres du XIXe siècle nous montrent un Déluge où les éléments naturels se déchaînent et créent un grandiose paysage d’apocalypse, dans lequel les personnages apparaissent comme de petites fourmis.  Les tenants de ce genre de peinture sont surtout des Anglais : le plus célèbre est William Turner, mais le plus caractéristique de cette veine est certainement John Martin, dont on verra aussi des œuvres du même acabit, illustrant la destruction d’Herculanum et Pompéi.

Francis Danby, Le Déluge, 1840, huile sur toile, 284,5 x 452,1 cm, Tate Gallery

William Turner, Le Déluge (1805). Huile sur toile, 142,9 x 235,6 cm. Londres, Tate Gallery
I.K. Aivazovsky, Le Déluge, 1864, huile sur toile 247 x 369 cm, Russian Museum, St Petersbourg
John Martin, Le Deluge (1834), huile sur toile, 168.3 x 258.4 cm, Yale Center for British Art, New Haven
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Peindre les cataclysmes ne se limite pas au Déluge. Quelques autres sujets de la peinture d’histoire ont aussi donné l’occasion aux artistes de représenter des groupes humains en proie aux flammes, aux tempêtes, ou aux séismes. Ces sujets existent tant dans les textes bibliques que dans la mythologie gréco-romaine.

Pour les destructions par les flammes, les histoires qui ont le plus fréquemment inspiré les artistes sont celle de la destruction de Sodome et Gomorrhe par le feu divin, et celle de l’incendie de Troie par les armées grecques. Dans le premier cas, les représentations sont associés à la fuite de Loth et ses deux filles, conduits par un ange, et dans l’autre, à celle d’Énée, quittant Troie en flammes avec son père Anchise sur les épaules ; en voici quelques exemples :
La destruction de Sodome, c. 1320, manuscrit enluminé, British Library, Add. MS. 27210, f.7 Londres
Herri Met de Bles, Paysage avec Sodome en flammes, c. 1530, huile sur bois, 32,2 x 45,2 cm, musée national de Varsovie

Crispijn de Passe I, Énée fuit Troie en flammes avec Anchise sur son dos, gravure, 1602-1607
Monsu Desiderio (François Nomé), la fuite de Loth et de sa famille, 1593, localisation inconnue
Monsu Desiderio, L'incendie de Troie, fin du XVIe s., huile sur toile, dimensions et localisation inconnues

Adam Elsheimer: L'incendie de Troie, 1600-1601, huile sur cuivre, 35.8 cm x 48.8 cm, Alte Pinakothek, Maxvorstadt, Allemagne

John Martin, La destruction de Sodome et Gomorrhe, 1852, huile sur toile, 136,3 x 212,3 cm, Laing Art Gallery, Newcastle upon Tyne


On trouve aussi une destruction par le feu et le séisme dans un autre épisode de l’Ancien Testament : le châtiment de Koré, Datan et Abiram (Nombres, 16. 35) dans lequel Yahvé fait périr par le feu et la chute dans l’abîme, les familles de Datan et Abiram, et les deux cent cinquante Lévites qui suivaient Koré dans le désert, ne faisant pas confiance à Moïse et Aaron ; en voici quelques représentations (notons que la première d’entre elles, due à Botticelli, insiste sur l’action des personnage et n’accorde qu’une place infime au cataclysme) :

Sandro Botticcelli, Le Châtiment de Coré, Datan et Abiram, 1481-82, fresque 348 x 570 cm, mur de la chapelle Sixtine, Vatican
Domenico Beccafum, Le châtiment du feu céleste, 1537, Cathédrale de Pise
Jan Luyken, 1698, gravure : Datan et Abiram et leurs familles avalés par la terre - Destruction de la tribu de Koré, 

Les épisodes relatant une destruction par l’eau sont aussi fréquents : le plus représenté est certainement la destruction des armées de Pharaon lors du passage de la Mer Rouge (Exode, 14. 1-31) au cours duquel les soldats sont engloutis.

Georges Trubert, Le passage de la Mer Rouge, Breviaire de René II de Lorraine, Nancy, 1493 circa, Paris, BNF

Filippino Lippi, La traversée de la mer Rouge, Château de Montrésor, Indre-et-Loire

Lucas Cranach l'Ancien, Les Hébreux traversent la Mer Rouge, 1530 Aschaffenburg, Staatsgalerie

Cosimo Rosselli, La traversée de la Mer Rouge. 1481-1482. Fresque,350 x 572cm, Vatican, chapelle Sixtine

Raphaël, Le passage de la Mer Rouge, 1518-19,  fresque, Loggia de Raphaël, Vatican

Bronzino, Le passage de la Mer Rouge, fresque, chapelle d'Eléonore, Palazzo Vecchio, Florence

Il existe d’autres passages de la Bible ou de la mythologie gréco-romaine au cours desquels les hommes, livrés à la tempête, voient leurs bateaux engloutis : ainsi l’épisode de l’Odyssée (livre IV, mieux décrit dans les Fables d’Hygin – f 210) où Nauplius, le roi d’Eubée, voulant se venger d’Ulysse qui a fait tuer son fils Palamède, attire les navires des grecs qui tentent d’échapper à la tempête, vers les récifs de Capharée, et en fait périr un grand nombre, dont Ajax de Locres.

Rosso Fiorentino, le naufrage d'Ajax, 1536-39, fresque, Galerie François 1er, travée 5, nord, château de Fontainebleau

Ou encore dans le Nouveau Testament, la description du naufrage à Malte de saint Paul (Ac 27: 1-44; 28: 1-14).

Nicolò Circignani, dit Pomarancio, Naufrage de Saint Paul à Malte, fresque, Mur Ouest 1 étage de la Tour des Vents (salle Meridiana), Vatican

Pour terminer ce bref survol de la peinture des événements cataclysmiques, voici quelques tableaux du XIXe s. représentant la destruction d’Herculanum et de Pompéi. Winckelmann, l’historien de l’art allemand et théoricien du néoclassicisme, avait popularisé, à la fin du XVIIIe siècle, cet épisode de l’histoire antique. les peintres romantiques du XIXe siècle (et spécialement John Martin, dont j’ai déjà parlé pour le Déluge) imaginèrent de grandiloquentes reconstitutions de l’éruption du Vésuve qui engloutît les deux cités en l’an 79.

John Martin, Destruction d'Herculanum et de Pompéi, 1822, huile sur toile 161,6 x 253 cm, Tate Britain Accession number N00793

Alessandro Sanquirico, Décor montrant l'éruption du Vésuve, pour use scene de l'opéra de Giovanni Pacini, Le dernier jour de Pompéi, pour la première au Teatro San Carlo, Naples, 1825 - 1827 

Karl Bryullov, le dernier jour de pompéi, 1830–1833, huile sur toile, 456,5 × 651 cm State Russian Museum, Saint Petersburg