présentation des peintures synchronistiques

dimanche, avril 30, 2017

Leçon de choses

Gilles Chambon, Leçon de choses, huile sur toile 55 x 55cm, 2017
Une leçon de choses repose sur le principe éducatif consistant, à partir d'un objet concret, à faire acquérir une idée abstraite.

Ma peinture est en l’occurrence l’objet concret qui renvoie non pas à une seule idée abstraite, mais à la multiplicité des idées que suggère toute expression de la réalité. C’est comme un carré magique qui, quel que soit le sens que l’on donne à la lecture de ses composants, renvoie toujours au même résultat.

Lacan disait : « le réel, c’est quand on se cogne ».

Sur ma toile synchronistique,

-    Se cognent les deux lutteurs, sortis d'une gravure
de José de Ribera ;
   
-    Le soleil cogne sur la statue alanguie d’une ville métaphysique de Giorgio de Chirico.

-   Se cognent aussi le paysage Chiriquesque et la géométrie abstraite que j’ai réinterprétée d’une composition de Geer van Velde.

samedi, avril 22, 2017

Le retour des korrigans

Gilles Chambon, Le retour des korrigans, huile sur toile 50x65 cm, 2017
Les petits personnages légendaires que sont les korrigans ont été relégués dans le folklore, conséquence de l’emprise toute puissante qu’a pris le matérialisme rationnel sur nos esprits. Ceux qui jadis donnaient mystère et âme aux choses du quotidien, ont perdu tout leur pouvoir, et nous ont laissé un monde peuplé de coquilles vides, livrées aux chiffres des statistiques, aux dynamiques abstraites de la société productiviste, ou aux bilans carboniques de l’écologie militante.

Plus personne ne pose la question soulevée jadis par Lamartine :
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme

Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?... »

Seuls les artisans de l’imaginaire, et notamment les peintres, peuvent aujourd’hui encore faire revenir lutins et farfadets pour réenchanter notre monde. 
C’est ce que fait mon tableau synchronistique, en invoquant trois empêcheurs du réel à tourner en rond : Cornelis Schut, un peintre baroque  anversois, élève de Rubens ; Paul Gauguin, le plus grand interprète de l’âme du monde ; et Juan Gris, le plus analytique des cubistes synthétiques. Tous trois, à leur façon, ont su regarder le réel au-delà des apparences.

-    Mon couple de korrigans, ainsi que le petit amour qui les survole, dérivent d’un dessin de Cornelis Schut pour Apollon et Daphné (« L’assemblée des dieux olympiens avec Apollon et Daphné », crayon, pinceau, et encre sur papier, 22 x 28,4 cm, galerie Lowet de Wotrenge, Anvers).

-    La partie gauche du tableau est réinterprétée d’une estampe de Juan Gris titrée « Le paquet de tabac » (1933, Gravure rehaussée à la gouache, 21 x 26 cm, Jeanne Bucher, Paris).

-    Le paysage de la partie droite vient d’une toile de Gauguin, « Pêcheurs et baigneurs sur l’Aven » (1888, huile sur toile 73x60cm, collection privée).

vendredi, avril 21, 2017

Exposition à Lyon au Palais Bondy


Du 18 au 28 mai 2017, je présenterai une dizaine de mes peintures récentes au Palais de Bondy, Lyon 69005, dans le cadre du Salon de Printemps de la Société Lyonnaise des Beaux-Arts.

vendredi, avril 14, 2017

La puberté d'Andromède

Gilles Chambon, La puberté d'Andromède, huile sur toile 68x50cm, 2017
Le mythe de Persée délivrant Andromède d’un monstre carnivore est l’une des nombreuses variantes légendaires qui s’articulent autour d’un même schéma : un monstre maléfique sorti des flots ravage un royaume, et pour l’éloigner, il est nécessaire de lui livrer la fille du roi. Un héros chevaleresque surgit alors, vainc le dragon, et, la plupart du temps, épouse la princesse. L’histoire de Saint Georges en est une célèbre transposition.

Les chercheurs ont répertorié un grand nombre d’occurrences de ce mythe, appelé « tueur de dragon » (classification des contes-types Aarne-Thompson-Uther). Son origine remonterait probablement au paléolithique, et il est attesté sur les cinq continents. C’est que sa puissance dans l’imaginaire humain est grande, parce qu’il touche à certains aspects les plus secrets de notre inconscient.

La peinture synchronistique que je livre ici n’a pas la prétention de dévoiler ces secrets. Mais peut-être en fera-t-elle percevoir quelques reflets. Comme à l’accoutumé dans mes compositions synchronistiques, celle-ci fait converger plusieurs sources éloignées :

-    Il y a d’abord dans le ciel un vrai Persée, repris d’un dessin du peintre génois Bartolomeo Gagliardo (1555-1626)

-    Également un vrai dragon, mais celui du Saint Georges de Raphaël (peinture conservée au Louvre), à travers la réinterprétation d’un dessin de son atelier (vendu chez Maître Prunier le 13 novembre 2016)

-    Par contre mon Andromède dérive d’un collage retouché à la peinture, de Max Ernst, intitulé « La puberté proche… Ou Les Pléiades » (1921), qui n’a rien à voir avec la fille de Cassiopée. Sous le collage est écrit de la main de l’artiste le texte suivant : « La puberté proche n’a pas encore enlevé la grâce ténue de nos pléiades \  Le regard de nos yeux pleins d’ombre est dirigé vers le pavé qui va tomber \  La gravitation des ondulations n’existe pas encore. »

-    Enfin le rocher et son paysage maritime sont extraits d’un tableau d’Henri Manguin de 1906, titré Le Rocher (ou encore « La Naïade, Cavalière » - collection privée).

Le titre de ma composition « La puberté d’Andomède » est évidemment inspiré du titre surréaliste du collage de Max Ernst, et en dit long sur les rapports entre la puberté, le dragon dont le bout de la queue s’est couvert de sang menstruel, et le héros Persée qui dé-visage Andromède, après avoir décapité Méduse la Gorgone, changeant en pierre (soumise à la gravité/gravidité) la pluie spermatique céleste. Comprend qui peut !