présentation des peintures synchronistiques

jeudi, avril 21, 2022

La baigneuse nymphomane

 

Gilles Chambon, La baigneuse nymphomane, huile sur toile 65 x 54 cm, 2022

Cette baigneuse (c. 1922), empruntée à Jean Metzinger, sort de l’eau et rêve d’accouplement. Les figures sur la plage de Picasso (1931), dont l’appétit sexuel est insatiable, lui apparaissent parmi des barques de pêche, prises anagrammatiquement et synchronistiquement à Braque… Alors son esprit s’embrase et la plage disparaît dans une lumière chaotique et mordorée, suggérée par les mimosas (1950) de Rodolphe Théophile Bosshard.

mardi, avril 12, 2022

Le peuple assassiné, Boutcha, printemps 2022

 

Gilles Chambon, "Le peuple assassiné, Boutcha, printemps 2022", huile sur toile 65 x 55 cm, 2022

Boris Cyrulnik rappelle dans son dernier livre (Le laboureur et les mangeurs de vent) que la croyance en une civilisation qui se construirait sans guerre et sans violence, n’existe qu’en occident, et seulement depuis deux générations. Et la triste actualité de la guerre d’Ukraine nous ramène en arrière : ce qui se passe aujourd'hui, et qui est symbolisé par le génocide de Boutcha, ressemble à toutes les boucheries qui ont accompagné les guerres de conquête et les guerres civiles, de l’antiquité à Guernica et Oradour, en passant par les exactions des guerres napoléoniennes, dont Francisco Goya a tiré une série de quatre-vingt-deux eaux-fortes poignantes, «Los desastres de la guerra ». 

 

C’est à partir de l’une de ces gravures (« Tanto y mas », N°22), que j’ai composé cet hommage aux victimes de la barbarie impérialiste poutinienne en Ukraine. J’ai réinterprété synchronistiquement le groupe de cadavres entassés de Goya, en l’associant à la violence graphique d’une composition abstraite d’Albert Bitran (1931-2018), que j’ai détournée et mise aux couleurs de l’Ukraine.

samedi, avril 02, 2022

Paysage et peinture : derrière les apparences

 

Photo d'un paysage de Saint-Emilion, et toile de Joaquín Peinado (1898-1975) Composition à la fenêtre et aux poissons 38 x 55 cm

Vous visitez une région. Vous empruntez des routes pittoresques qui vous délivrent des paysages magnifiques… Du coup vous décidez de vous installer dans ce coin qui vous a séduit par de tels points de vue prometteurs. À partir de ce moment, vous multipliez les balades à pied, et les petits chemins vous font pénétrer dans l’intimité et les multiples circonvolutions des paysages que vous aviez admirés de loin. Quand, beaucoup plus tard, vous repassez aux endroits panoramiques qui vous avaient charmé d’abord, vous les appréciez toujours autant, mais d’une façon différente, parce que vous comprenez mieux ce qui se déploie derrière chaque détail, vous savez où se cachent dans ce décor les merveilleuses pépites découvertes dans vos pérégrinations pédestres.

 

C’est un peu la même chose quand vous découvrez les belles œuvres d’un peintre que vous ne connaissiez pas. La curiosité vous pousse à vous renseigner sur sa biographie, et sur toutes les connexions qui peuvent le relier à son temps, sa région, son école de peinture. Vous essayez de comprendre ses préoccupations, et les finalités qu’il recherchait pour son art. Puis vous apprenez aussi à distinguer les différentes périodes de son travail artistique, et à suivre ses évolutions, à comprendre les influences qui ont pu le marquer.

Après, lorsqu’à nouveau les tableaux qui vous l’avaient fait connaître sont devant vous, vous les admirez toujours, mais ils résonnent différemment dans votre esprit, avec beaucoup plus d’harmoniques, liées aux connaissances que vous avez acquises sur l’artiste et sur son contexte.

 

La beauté d’un paysage, comme celle d’une œuvre d’art, émane de configurations formelles qui nous touchent parce qu’elles sont l’expression d’une profondeur et d’une richesse cachées, qui nous attirent et nous invitent à en explorer les multiples strates, quitte à nous y perdre, amoureusement.