Gilles Chambon, Le martyre de Saint Sébastien, huile et brou de noix sur papier, 32x23cm, 2015 |
Saint Sébastien est l’un des martyrs préférés des peintres, peut-être surtout depuis que Mantegna en a fait une sorte de canon du corps masculin, associé à l’architecture romaine antique (colonne corinthienne au Louvre, et ordre composite au Kunsthistorisches de Vienne).
Andrea Mantegna, Martyre de Saint Sébastien, à gauche, Louvre, à droite Kunsthistorisches Museum, Vienne |
Le supplice infligé au corps dénudé attaché à une colonne a permis très souvent un rapprochement avec la flagellation du Christ. Ce parallèle christique apparaît aussi dans certaines représentations de Sébastien blessé et évanoui, détaché par sainte Irène, qui rappellent clairement les descentes de croix - en particulier le St Sébastien de Ter Brugghen, du Allen Memorial Art Museum, à Oberlin (Ohio).
À gauche, Hendrick Ter Brugghen, St Sébastien soutenu par Irène, 1625, Allen Memorial Art Museum; à gauche, Agnolo Bronzino, Pieta, 1546, musée des Beaux-Arts de Besançon |
On observe également, dans un tableau de Procaccini représentant Saint Sébastien blessé et évanoui, mais cette fois soutenu par des anges, un parallèle évident avec les nombreuses représentations du Christ mort soutenu aussi par des anges. Symboliquement cette proximité entre le Christ et le Saint peut s’expliquer par le fait que Sébastien est guérit après la sagittation, à l’image du Christ qui ressuscite après la crucifixion.
Mon Saint Sébastien synchronistique fait sans doute lui aussi penser à un Christ mort. J'ai utilisé à dessin une étude de Bronzino que je croyais être un corps du Christ.
Agnolo Bronzino, dessin d'étude pour la Résurrection, Isabella Stewart Gardner Museum, Boston |
Mais s’il a bien servi à la mise au point de sa Résurrection, il ne s'agit pas du corps de Jésus, mais de celui d'un des soldats (en-bas, à gauche).
Agnolo Bronzino, La Résurrection, Chapelle Guagnani, Santissima Annunziata, Florence |
Finalement, Sébastien étant lui aussi un soldat, mon erreur retrouve une forme de légitimité ! Mystère de la synchronicité…
Quant au fond de ma composition, qui évoque à la fois la pourpre romaine et le sang, il est issu d'un tableau totalement exogène au thème traité: c'est la transposition d’une oeuvre abstraite d’Alberto Burri de 1952, intitulée « Muffa » :
Alberto Burri, Muffa, 1952 |
PS : j'avais aussi traité ce thème il y a une dizaine d'années, mais d'une manière très différente : Le martyre de Saint Sébastien
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