Réflexions et recherches de Gilles Chambon sur l'art figuratif et son histoire, sur sa place dans l'art contemporain, et présentation de ses peintures
Table des articles passés (depuis 2012)
▼
vendredi, septembre 29, 2006
VERS UNE PEINTURE TRANS-FIGURATIVE
S'il fallait que je définisse ma peinture, je dirais qu'elle est à la fois anachronique et très actuelle :
Elle est anachronique, parce que j’ai fait le choix d'une peinture de chevalet et de techniques traditionnelles de représentation; parce qu'aussi je me situe dans une figuration réaliste, qui réduit au maximum les effets expressionnistes « défiguratifs » introduits plus ou moins artificiellement au XXe siècle (non qu’ils me déplaisent, mais je trouve que les peintres figuratifs d’aujourd’hui en abusent, et leur font perdre toute vérité).
Elle est actuelle, parce que je fais tout cela sciemment, et que mon travail pictural correspond à un projet critique vis-à-vis des avant-gardes (réelles ou prétendues telles). Il ne s’agit en aucun cas de prôner un retour à la peinture académique, mais un développement de l’image narrative allégorique, onirique, sincère, et sans afféteries idiosyncrasiques. En un mot reconquérir la partie « contenu » du tableau, l’essentiel du travail plastique des artistes du XXe siècle ayant porté sur l’exploration du « contenant ».
En cela, je me situe dans un mouvement alternatif de retour vers certaines valeurs naturelles et profondes de l’humain (explorées notamment par C.G. Jung), en opposition aux radicalismes plastique et conceptuel de l'art récent. C’est parce que je suis convaincu que la modernité du XXIe siècle sera moins destructrice que celle du siècle écoulé. Plutôt que de vouloir à tout prix changer l'homme et ses images, elle réalisera qu'il est surtout important de l'enrichir et de l'approfondir, de le faire dialoguer avec son passé et avec l’inconscient collectif. Cette nouvelle modernité sera concordance des temps, élargissement du présent. Elle saura englober, dans son projet poétique, des mondes, des cultures, et des temporalités différentes, sans pour autant en réduire la substance à un maniérisme, comme cela s’est beaucoup fait dans la figuration narrative et la figuration libre.
Mes tableaux se nourrissent de toute l’histoire de la peinture, et refusent d’opposer diamétralement art contemporain et art ancien. Peinture fusionnelle, donc, où je cherche avant tout le plaisir de l’imagination, et une certaine harmonie de l’image/objet. Je travaille beaucoup à l’ordinateur, avec des collages préparatoires, pour obtenir des scénographies où le paysage architectural joue un rôle important (je reviendrai une autre fois sur l’architecture comme symbole d’une civilisation).
Influencé par le surréalisme, je me ressens comme un artisan de l’imaginaire. Si je cherche à faire rêver ou sourire, j’invite aussi à penser, et à jouer avec les symboles et les allégories. La société contemporaine, à cause de la rapidité de son évolution, nous confronte à la coexistence de comportements, d'idéologies, et d'imaginaires diamétralement opposés. Comme dans l'exemple ducassien du parapluie et de la machine à coudre réunis par hasard sur une table de dissection, une forme de poésie ambivalente peut surgir de ces rapprochements paradoxaux.
Je crois en tout cas qu’il est primordial aujourd’hui, pour les peintres figuratifs, d’être très explicites, et de se recentrer sur des imaginaires partagés, ancrés dans une culture qui n’évacue pas l’histoire. C'est pourquoi je traite beaucoup les sujets classiques de la peinture, notamment les sujets mythologiques et religieux. Je cherche à confronter cet héritage poétique très ancien à la pensée libre du monde actuel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire