Comme tout le monde, j’ai toujours été émerveillé par la Danaé de Klimt, illustrant si bien ces vers de Rilke
" Figure de femme, sur son sommeil
fermée, on dirait qu'elle goûte
quelque bruit à nul autre pareil
qui la remplit toute.
De son corps sonore qui dort
elle tire la jouissance
d'être un murmure encor
sous le regard du silence."
Et c’est sans doute ce qui m’a donné envie d’en faire une, cent ans après.
Danaé - huile sur toile de G. Chambon, 2006 71x73cm
Les mauvaises langues diront que j’aurais mieux fait de m’abstenir. Soit. Mais si ma Danaé n’arrive pas à la cheville très retroussée de celle du vieux maître, elle est en tout cas beaucoup plus mythologique que la sienne : sa pluie d’or n’est en effet qu’un banal épanchement de coffre-fort, fait de louis d’or ; comme si la déesse de l’aurore était une vulgaire catin enfermée dans un bordel. Il y a derrière son interprétation la vilaine idée que les femmes ne jouissent que du fric. N’ayant pour ma part à offrir à la mienne (qui m’a servi de modèle) que la lumière du matin embrasant notre chambre, j’ai retrouvé la véritable signification de la pluie d’or : c’est un sperme divin absolument non monnayable, matérialisé exclusivement par la lumière dorée et humide du soleil levant, et qui vient réchauffer et féconder chaque jour la terre endormie. Le soleil se levant à l’est, il était normal que l’ambiance de la chambre-prison de Danaé soit quelque peu orientale.
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