Gilles Chambon, "C'est la lutte finale", huile sur toile 50 x50 cm, 2024 |
Héraclès terrassant Antée grâce au maintien hors-sol, c'est comme la lutte finale promettant la victoire de l'utopie moderniste sur la tradition. Le fils de Zeus vainc en effet le fils de Gaïa en l'empêchant de se ressourcer au contact de la terre, symbolisant le progrès humain rendu possible par une entrave aux vieilles recettes qui s'ancrent dans la glèbe millénaire.
C'est comme en art, où la peinture d'avant-garde du XXe siècle, qui veut faire table rase, asphyxie la représentation académique figurative, et pense l'avoir définitivement tuée. Mais elle-même finit aussi par s'éroder et son dernier avatar, sous le vocable d'art contemporain, se complait dans des procédés encore plus insipides et ressassés que ceux reprochés à l'académisme du XIXe siècle.
Alors imaginons que l'étreinte mortelle qu'Héraclès inflige à Antée se transforme miraculeusement en étreinte affectueuse ; que l'avant-garde s'unisse enfin à la tradition... C'est évidemment ce que tente la peinture synchronistique... Et ici, dans ce petit tableau, c'est en mêlant l'"Hercule et Antée"(1475) d'Antonio Pollaiolo, qui appartient à la tradition figurative, avec l'adaptation d'un tableau abstrait d'Albert Gleizes ("composition pour jazz", 1915), pris comme métaphore du combat artistique en marche au début du XXe siècle.
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