Gilles Chambon, Bellérophon et Chimère, ou l'utopie contre le pragmatisme, huile sur toile 60 x 73 cm, 2023 |
La mythologie grecque a fait rêver les artistes occidentaux depuis la Renaissance. Son pouvoir onirique et symbolique inépuisable agit encore aujourd’hui, comme le démontre ce tableau : Bellérophon monté sur Pégase, s’apprête à tuer Chimère, monstre à queue de serpent et à tête de lion doublée d’une chèvre. J’ai vu dans cette légende l’allégorie de l’utopie qui, montée sur le cheval ailé de la théorie, s’attaque aux petits arrangements de la politique pragmatique, qui font coexister dans la même cité le bien et le mal, l’utile et l’inutile, le beau et le laid, le fort et le faible… en un mot : tout et son contraire. Si le monde dans un premier temps se réjouit de la victoire du cavalier volant, qui fait table rase de la ville hybride pour construire un monde abstrait idéal, la suite de la légende nous apprend que Bellérophon, voulant rejoindre l’Olympe, est désarçonné par Zeus et précipité dans un désert où il termine lamentablement ses jours, estropié par sa chute. On peut y voir le destin de toutes les utopies qui ont oublié la complexité et les contradictions du monde réel, et finissent le plus souvent leur histoire par une catastrophe humanitaire.
Comme la plupart de mes compositions depuis une dizaine d’années, cette toile synchronistique s’appuie sur la réinterprétation d’œuvres existantes :
- une esquisse de Rubens pour "Bellérophon terrassant la Chimère" (de 1635, musée Bonnat-Helleu Bayonne),
- une ville lointaine d’un peintre vénitien de l’entourage de Giovanni Bellini (collection privée)
- une composition abstraite d’August Macke (de 1914, Albertina museum, Vienne).
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