Table des articles passés (depuis 2012)

lundi, août 31, 2020

Les amants schizophrènes (allégorie de l’amour comestible)

Gilles Chambon, Les amants schizophrènes (allégorie de l'amour comestible), huile sur toile 54 x 65 cm, 2020
L’amant et l’amante n’ont pas la même façon d’envisager la consommation de l’acte charnel. Celle-ci se projette dans le temps et imagine de nombreux œufs dans un panier posé près de son ventre, tandis que lui est dominé par la pensée du plaisir oophage immédiat, les deux œufs sur le plat se substituant aux seins de sa partenaire, et le troisième, suspendu dans le vide, évoquant peut-être sa vulve.

 

Ce tableau synchronistique, pour mettre en scène la symbolique sexuelle de l’œuf, mélange les « œufs au plat sans le plat », de Dali (1932), un « panier d’œufs » de Henri-Horace Delaporte (1724-1793), et le paysage lointain d’un « St Jérôme » de Giovanni Bellini (1505). Quant aux deux personnages, ils dérivent de statuettes antiques de Tanagra.


dimanche, août 23, 2020

L’énigme de l’œuf à la coque (allégorie chronienne)

Gilles Chambon, Allégorie chronienne, ou l'énigme de l'œuf à la coque, huile sur toile 56 x 80 cm, 2020

Tout le monde aura reconnu, dans le lointain de ce tableau, une reprise du paysage de "l’Allégorie chrétienne" de Giovanni Bellini (musée des Offices). La rencontre synchronistique de cette œuvre de la Renaissance, au symbolisme énigmatique, et de « L’œuf » d'Odilon Redon pris au piège d’un coquetier, donne ici naissance à une nouvelle allégorie, chronienne plutôt que chrétienne, mais néanmoins tout aussi obscure.

 

L’œuf à la coque, dont l’origine se perd dans la plus haute antiquité, m’est apparu être un symbole adapté à l’angoisse contemporaine du temps qui s’accélère, et que nous avons tant de mal à maîtriser (Chronos est dieu du temps, d’où le qualificatif chronienne).

 

S’il ne faut que trois minutes pour faire cuire un œuf à la coque, la maîtrise de ce bref laps de temps n’est pas des plus faciles : le blanc doit être entièrement solidifié, et le jaune pas du tout. Or la grosseur de l’œuf, sa température initiale, l’épaisseur de sa coquille, le rapport entre le volume de blanc et de jaune, l’importance relative de la poche d’air, le temps qui s’écoule entre la sortie de l’eau et l’ouverture de la coquille, sont autant de variables qui influencent le résultat et peuvent faire échouer un cuisinier qui s’en tiendrait strictement aux trois minutes théoriques. La préparation de l’œuf-coque est donc une sorte de chef d’œuvre culinaire minimaliste.

La forme de l’œuf, qui rappelle celle de la tête humaine (et l’œuf d’Odilon Redon fait même penser à un visage masqué de l’année 2020 !), est d’une géométrie parfaite et d’une couleur douce et ambrée, malgré qu’il sorte du cul de la poule. C’est peut-être pour ça que l’œuf est le symbole universel du monde engendré à partir du néant.

 

On se demande toutefois si le Créateur n’a pas eu autant de mal que le cuisinier à en parfaire la cuisson, ce qui expliquerait les multiples imperfections de l’univers dans lequel nous évoluons, et dont on peut dire métaphoriquement que certaines composantes sont bien trop cuites, et d’autres pas assez…

Mais que cela ne vous empêche pas de tremper allègrement vos mouillettes imaginaires dans ce tableau, même si lui aussi est imparfait !


vendredi, août 07, 2020

Mary Cassatt dame de pique

Gilles Chambon, Mary Cassatt dame de pique, huile sur toile 61 x 50 cm, 2020
Mary Cassatt termine ma série des tableaux/cartes synchronistiques en hommage aux grands peintres. Elle incarne la dame de pique, à travers son autoportrait de 1878 (Metropolitan Museum of Art, New York).

Mary Cassatt est peut-être la plus cultivée des femmes peintres de son temps, ce qui convient à la dame de pique appelée traditionnellement Pallas (en référence à la déesse Athéna). Américaine, elle a voyagé dans toute l’Europe pour parfaire sa connaissance des grands maîtres de la peinture, s’est attachée les conseils d’Edgard Degas, s’est nourrie des inventions impressionnistes, et plus tard des estampes japonaises.  

 

Je l’ai associée ici synchronistiquement à une autre femme peintre moins connue, Christine Boumeester (1904-1971), dont j’admire les nombreuses aquarelles abstraites, qui révèlent équilibre, mouvement, et douceur raffinée.