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vendredi, décembre 07, 2018

L'oracle

Gilles Chambon, L'oracle, huile sur toile 55 x 55 cm, 2018
Depuis la nuit des temps, les hommes essaient d’interpréter les signes que le réel semble former autour d’eux.

Comme s’il y avait deux façons de regarder le monde : l’une, rationnelle et matérialiste, qui cherche un sens à ce qui se déroule devant nos yeux par l’explication des enchaînements de causes et d’effets ; l’autre, métaphysique, qui pressent, notamment à travers les configurations insolites et évanescentes que l’on attribue en général au hasard, une sorte de parole divine cryptée, l’expression de ce qui nous dépasse et nous dépassera toujours, de ce qui relève de la transcendance universelle. Elle est hors de l’espace et du temps, et parle donc à la fois du présent, du passé, et du futur.
Les oracles, sibylles, médiums, sorciers, chamans, astrologues, ou simplement les poètes, perçoivent ce bruissement sourd qui émerge et s’élève au-dessus de la banale rumeur quotidienne du monde, et sont en charge de le révéler aux autres, sans forcément en comprendre tout le sens. D’où ce mystère et ces énigmes qui entourent la voix des devins…


Ce tableau synchronistique, pour rendre visible la parole mystérieuse de l’oracle, se devait d’utiliser le vocabulaire pictural de Giorgio de Chirico, inventeur, au début du siècle passé, de la peinture métaphysique. Une transcription de « l’énigme d’un après-midi d’automne » (1909) sert de cadre à la statue de l’oracle,  reprise de l’un des mannequins des « muses inquiétantes » (1918), dont Chirico lui-même dessina de nombreuses copies et variantes au cours de sa vie… Quant à la relation au hasard et à ses mystères interprétés par l’oracle, elle est ici traduite par une interprétation libre d’une composition abstraite sans titre de Afro Basaldella (1960).

Giorgio de Chirico, L'énigme d'un après-midi d'automne, 1909, huile sur toile 45 x 60 cm, collection privée, Buenos Aires
Giorgio de Chirico, Les muses inquiétantes, 1918, huile sur toile 97 x 66 cm, collection privée
Afro Basaldella, Sans titre, 1960, localisation inconnue



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