Gilles Chambon, Les chemins d'Utrillo, huile sur toile 60 x 80 cm, 2018 |
Ce tableau est un clin d’œil à Maurice Utrillo, dont je ne suis pourtant pas particulièrement amateur.
Mais c’est un peintre qui intrigue : naïf, maladroit, répétitif, et en même temps si sensible et si juste dans sa restitution des paysages de Montmartre et de la banlieue. Avec lui l’ordinaire, le prosaïque, le banal, prennent une dimension presque métaphysique. Qu’il éclabousse les rues de pluie, de neige, ou de soleil, les petits bonshommes et les dames à gros derrière qui arpentent ses chemins restent imperturbables, fuyant d’un pas décidé vers on ne sait quelle destination.
Ses bonshommes et ses rues au sol éclaboussé, c’est sans doute ce que je trouve de plus singulier chez lui, même si ce qui le caractérise habituellement est plutôt le paysage de carte postale de Montmartre.
J’ai donc fait abstraction du décor, pour tenter de me concentrer sur ce que nous disent de lui ces personnages zombifiés qui se croisent sur des pentes tantôt douces et tantôt abruptes, parfois sèches et poussiéreuses, parfois glissantes de pluie, ou encore uniformisées par un mince manteau de neige. Alors apparaît peut-être le paysage intérieur de l’artiste, reflet de ses espoirs et de ses angoisses.
Ne dérogeant pas à ma méthode synchronistique, j’ai assemblé ces fragments empruntés à Utrillo sous un ciel chargé de Goya, symbolisant pour moi les intempéries qui secouent l’âme humaine.
Francisco Goya, Scène de guerre, 1808-1812, huile sur panneau, 72 x 99,5 cm, CABA, Buenos Aires |
Merci à vous pour cette ingéniosité artistique -
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