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Th. Strawinsky, Nature morte au pot de terre, 1959, huile sur toile, 24 x 41 cm - © Fondation Théodore Strawinsky |
Théodore Strawinsky, fils du compositeur Igor Stravinsky, est un peintre du XXe siècle dont le travail mérite aujourd’hui d’être redécouvert.
Né en 1907 à Saint-Pétersbourg, apatride depuis la Révolution russe, Théodore Strawinsky a demandé et obtenu la nationalité suisse en 1956. Mort à Genève en 1989, il est inhumé dans un cimetière russe, près de Paris. Après sa mort, sa femme, Denise Guerzoni, a créé en 1991 à Genève la
Fondation Théodore Strawinsky, qui a pour objectif de faire connaître la vie, l'œuvre, et les activités du peintre. Elle a notamment réalisé un catalogue raisonné de son œuvre (plus de 7000 fiches descriptives et illustrées), accessible sur Internet depuis 2014. On y découvre les multiples facettes de son expression artistique.
Grâce à son père Igor qui était en relation avec toutes les grandes figures de l'art moderne, Théodore a côtoyé dès le plus jeune âge des hommes tels que Picasso, Braque et Derain, ou encore Cocteau et Ramuz. On peut juger de ses dispositions picturales précoces en regardant une des ses premières peintures, représentant « La première de
L’Histoire du Soldat », aquarelle qu’il réalisa à l’âge de onze ans.
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Th. Strawinsky, La première de "l'Histoire du Soldat" au théâtre municipal de Lausanne, 1918, aquarelle, 34,5 x 43,5 cm - © Fondation Théodore Strawinsky |
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Autour de 1920, André Derain, qui après la période fauve et cubiste était revenu a une expression plus traditionnelle, l’a initié aux différentes techniques de peinture et lui a prodigué des conseils. Mais c’est à Paris, à l'académie d’André Lhote, entre 1929 et 1931, qu’il a reçu un véritable enseignement pictural, intégrant les règles de composition et d'expression cubiste. Curieusement elles ne se ressentiront vraiment dans ses peintures qu'à partir de 1948.
Au cours de sa longue carrière, en plus de la peinture de chevalet, il a
pratiqué l’illustration de livres (œuvres de Ramuz), le décor de
théâtre (à Genève L’Histoire du Soldat - 1944, The Rake's Progress –
1952, et L’Oiseau de feu – 1962 ; à Zurich Petrouchka de Giraudoux, et
Sodome et Gomorrhe - 1944 ; d’Igor Stravinsky et Jean Cocteau, Oedipus
rex - 1926 …), et la décoration monumentale (fresques, mosaïques,
vitraux, tapisseries) dans divers bâtiments en Suisse romande et
ailleurs en Europe.
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Th. Strawinsky, étude de décor pour Sodome et Gomorrhe, 1944, gouache et aquarelle, 24 x 31,5 cm - © Fondation Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, étude de décor pour The Rake's Progress, 1952, gouache sur carton, 17 x 27 cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Allégorie de la Prospérité, 1959, tapisserie, 175 x 325 cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, La Banque, la Fortune, 1957, mosaïque, 290 x 750 cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
Il participa notamment, en 1949, à la décoration de Notre-Dame de Toute Grâce, plateau d’Assy, de l’architecte Novarina, avec Matisse, Léger, Lurçat, Rouault, Braque, Chagall, Bonnard, et beaucoup d’autre artistes modernes (on lui doit la conception de deux mosaïques réalisées par Antionetti, et pour lesquelles il exécuta une trentaine de dessins). Devenu en 1935 ami avec le cardinal Charles Journet, il s’est converti au catholicisme en 1940, et travailla par la suite souvent pour des églises sur des thèmes religieux. Dans ce cadre il a collaboré avec les architectes Denis Honegger, Hans van der Laan, Nico van der Laan, et Jan de Jong.
Mais ce travail d'art appliqué, certes de bonne tenue plastique, n’est pas ce qui nous intéresse ici.
Sa personnalité et sa subtile sensibilité se manifestent davantage dans de petites œuvres, huiles et pastels, sur des thèmes touchant à son environnement quotidien : natures mortes composées avec les objets de la cuisine ou du salon, paysages vus de sa fenêtre ou redessinés à partir de croquis faits sur le motif lors de ses déplacements.
La période la plus intéressante, de mon point de vue, est celle qui démarre à la fin des années 40. On a en effet le sentiment que son écriture picturale n’atteint vraiment sa plénitude qu’au moment où il commence à travailler parallèlement sur des vitraux (1948), et réintègre du coup dans ses peintures la leçon géométrique du cubisme de Lhote.
Théodore Strawinsky disait qu’il ne peignait pas comme il voyait, mais comme il regardait. Cela signifie qu’il opérait toujours une transposition plastique de ses sujets. Mais contrairement aux théoriciens du cubisme pour lesquels la méthode prévalait, à tel point que souvent le sujet n’était plus qu’un prétexte, Théodore garda toujours une attention aux ambiances, à la lumière, à une sorte de vision impressionniste qui coexiste dans ses œuvres avec la géométrisation cubiste. Mélange savoureux et subtile, servi par une palette à la fois chaude, douce, et voluptueuse, aux longues résonances harmoniques.
En voici quelques exemples, accompagnés des dessins préparatoires, qui aident parfois à comprendre son processus de mise au point des œuvres, et notamment la plus-value apportée par le pastel ou les crayons de couleurs qui donnent un tremblement, une sorte de léger halot de lumière, conservé lors des versions définitives à l'huile (souvent d'ailleurs, les versions définitives restent au pastel).
Voici donc d’abord quatorze exemples de ses natures mortes réalisées entre 1948 et 1980, accompagnées pour onze d'entre elles d'études préparatoires ou de dessins réinterprétés :
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Th. Strawinsky, Le tapis rouge, 1948, huile sur panneau de particules, 54 x 65 cm - ci-dessous esquisse préparatoire à la mine de plomb, 21,5 x 26cm
- © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Le carafon, 1952, pastel sur papier gris, 40 x 47 cm, collection privée - ci-dessous étude préparatoire à
l'aquarelle, plume et lavis, 10 x 12,5cm
- © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Nature morte à la statuette noire, 1975-76, pastel sur papier, 70 x 100 cm - ci-dessous 2 études préparatoires au pastel et mine de plomb, 30 x 21cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, La statuette blanche,
1976, huile sur toile, 46 x 61 cm - ci-dessous étude
préparatoire au pastel, 17 x 23,5cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Le colloque,
1958, huile sur toile, 60 x 73 cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Pichet, pêche, et figues,
1960, huile sur toile, 50 x 61 cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Les trois pommes,
1953, huile sur toile, 54 x 65 cm - ci-dessous réinterprétation du thème à l'encre de chine sur papier, 1957, 54 x 65cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Nature morte aux harengs,
1949, pastel sur papier, 65 x 81 cm - ci-dessous 2 réinterprétations au crayon - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Nature morte aux harengs, dessin à la mine de plomb, 1953, 21 x 26cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Nature morte aux harengs, dessin à la mine de plomb, 1953 21 x 24cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Nature morte à la lanterne,
1960, huile sur toile, 60 x 73 cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Deux pêches, deux moules,
1962, huile sur toile, 33 x 41 cm - ci-dessous étude
préparatoire à la mine de plomb, 10,5 x 14,5cm -© Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Le vase bleu,
1960, pastel, 48 x 63 cm - ci-dessous étude
préparatoire à la mine de plomb, 15 x 21cm -© Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Lumière sur la table,
1979, pastel sur papier, 70 x 101 cm - ci-dessous 2 études préparatoires, technique mixte, 14,5 x 19,5cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, (sans titre) Bouteille de vin, huile, 50 x 65 cm - ci-dessous étude
préparatoire à la mine de plomb, 21 x 29,5cm -© Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Sur la terrasse,
pastel, 49 x 60 cm - et étude préparatoire, pastel, 18 x 24cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
J'ai aussi choisi six paysages, qui montrent le subtile équilibre que Strawinsky savait trouver entre la restitution figurative, l'écriture stylistique, et la composition plastique; on remarquera entre autre le travail de recadrage, souvent effectué sur les versions définitives :
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Th. Strawinsky, Bateau bleu à Palerme, 1962, huile sur toile, 33 x 46 cm - ci-dessous deux études
préparatoires à la mine de plomb et à l'aquarelle gouachée, 20,5 x 29,5cm et 20 x 29 cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Isola Tiberina, Rome, 1960, gouache pastel, 27 x 37 cm - ci-dessous étude
préparatoire à la gouache et aquarelle, 26,5 x 36,5cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Ferme toulousaine, 1957-1958, huile sur toile, 55 x 65 cm - ci-dessous étude
préparatoire à la mine de plomb, 21 x 28,5cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Construction dans la verdure, 1954, huile sur toile, 50 x 73 cm - ci-dessous deux études (crayon sur papier 41,5 x 57cm, et lithographie, 21,5 x 29cm) - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Ferme portugaise, 1956-57, huile sur toile, 60 x 73 cm - ci-dessous deux études (aquarelle gouachée 20,5 x 27,5cm, et pastel gras, 20,5 x 27,5cm) - © Fondation
Théodore Strawinsky |
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Th. Strawinsky, Bord du lac de Neuchâtel ou Hiver sur le lac de Neuchâtel, 1950, huile sur carton, 33 x 41 cm - ci-dessous étude à la mine de plomb sur papier 25 x 35cm - © Fondation
Théodore Strawinsky |
Pour clore cette brève présentation, une photo d'Igor Stravinsky avec son fils Théodore, non datée, trouvée sur le site de la Fondation Igor Stavinsky, et une autre de lui en 1985, âgé de 78 ans.
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© Fondation Igor Stravinsky |
Ouvrages parus :
Théodore Strawinsky, texte de Maurice Zermatten, Paris : éd. Galerie Suisse, 1984, 157 p., ill. coul.
Théodore Strawinsky : L’oeuvre monumentale, texte de Maurice Zermatten, Anzola d’Ossola : Fond. Arch. Enrico Monti, 1990, 165 p., ill. coul.
STRAWINSKY, Théodore, Le message d’Igor Strawinsky, Lausanne, éd. de l’Aire 1980 (réédition), 127 p.
Les dessins de Théodore Strawinsky, textes de Denise Strawinsky et Edith Carey, 1999 (catalogue d’exposition), 64 p., ill. coul.
Théodore Strawinsky, textes de Sylvie Visinand et Margrith Fornaro, 2006 (monographie élaborée en complément de l’exposition rétrospective au Musée Neuhaus, Bienne), 158 p., ill. coul. et photos n/b
Un artiste de talent que je découvre. C'est bien qu'il soit enterré à Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe crée par la Princesse Vera Mestchersky.
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