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dimanche, mars 22, 2015

L’enlèvement des Sabines

Gilles Chambon, L'enlèvement des Sabines, huile sur toile, 50 x 60 cm, 2015

Encore une peinture synchronistique, qui entremêle trois réminiscences picturales :

-    La nostalgie de l’infini, de Giorgio de Chirico, 1912, New York, MoMA
-    Cathédrale, d’Albert Gleizes, 1912, Hanovre, Sprengel Museum
-    L’enlèvement d'Hélène, de l’atelier de Giovanni Francesco Romanelli, XVIIe s., collection privée

Tous les mythes ont affaire avec la synchronicité. On pourrait même dire que c’est elle qui caractérise tout grand récit mythologique. En effet, comme Freud l’a montré pour l’histoire d’Œdipe, la polysémie du mythe fait qu’il est capable d'enjamber le temps, et de cristalliser à chaque époque une signification particulière liée aux problématiques et à l’imaginaire collectif du moment.

L’enlèvement des Sabines est lié à la fondation de Rome par Romulus, mais il nous parle aussi de mythes plus anciens se référant au culte de la Grande Déesse et aux rituels de mariage indo-européens (voir L'enlèvement des Sabines, ambivalence et double jeu).

Quel écho trouve-t-il encore aujourd’hui, au XXIe siècle ? Peut-être faut-il relire la théorie mimétique de René Girard, qui nous dit la violence universelle engendrée par la convoitise, et les drames rituels à l’origine de chaque société, qui ont permis de canaliser cette violence ? On sait que la réponse archaïque à la convoitise – universellement symbolisée par la beauté féminine, est l’oppression de cette dernière; son ablation sociale, pourrait-on dire.

L’enlèvement des Sabines devient alors une métaphore de l’interrogation sur la violence (la nôtre mais aussi celle de nos ennemis) qui naît de toutes les formes de convoitise suscitées par la société de consommation, dans un monde occidental contemporain ayant fait le choix de la liberté, pour le meilleur et pour le pire.

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