Table des articles passés (depuis 2012)

vendredi, mars 29, 2013

Le paysage fractal de St Émilion

 
G. Chambon, Vue de St Emilion, huile sur carton toilé, 2013

Le village de Saint Émilion est bâti à flan de coteau, dans une échancrure qui forme un petit cirque s’ouvrant face au sud, sur la plaine de la Dordogne. Le charme de ce paysage urbain imbriqué dans les vignes tient à son relief, à son histoire, à son échelle en phase avec les terrasses cultivées, et au matériau de ses édifices, une pierre blonde directement tirée des carrières de son sous-sol.

On est loin des grandes figures monumentales de l’architecture classique. Ici l’histoire à laissé beaucoup de fragments éparses, que le temps et l’usage ont finalement ressoudé dans un ensemble irrégulier. Paysage pittoresque, que l’on peut aussi qualifier de fractal (voir mon étude « Lepaysage urbain dans la peinture au Moyen-âge et à la Renaissance, l’émergenced’une esthétique fractale »).

Il trouve son harmonie dans un désordre ordonné (op. cit.) :  « parallélisme des verticales, rythmes des percements, hérissements des souches de cheminées, des pignons et des clochetons, réseau des toitures en fines  lamelles parallèles, mouchetis aléatoire des arbres dépassant le mur des jardins, clivages d'ombres s'écoulant en fonction du relief et des rues invisibles. Il s'agit bien là de qualités de type fractal : l'organisation n'y apparaît pas comme une forme globale, mais plutôt comme une caractéristique de texture, comme un emboîtement de systèmes réticulés, souples, définissant le type et la densité du paysage d'un lieu particulier, mais pouvant admettre une infinité de variations aléatoires sans en modifier le contenu esthétique. On est, avec cette esthétique fractale, à l'exact opposé de l'esthétique géométrique Albertienne dans laquelle "la beaulté est une convenance raisonnable (concinnitas) gardée en toutes les parties pour l'effect à quoy on les veut appliquez, si bien que l'on y scauroit rien ajouter, diminuer ou rechanger sans faire merveilleux tord à l'ouvrage(Alberti, De Re Aedificatoria, traduction de Jan Martin, Paris, 1553) ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire