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dimanche, février 24, 2013

La grande muraille de Saint Émilion

G. Chambon, La grande muraille de Saint Émilion, huile sur carton toilé, 2013
 
Rien à voir avec celle de Chine ! La « grande muraille » de Saint Émilion, haut mur insolite qui se dresse à l’entrée du village, fait au mieux une trentaine de mètres de long. Il s’agit des restes de l’ancienne église du monastère des Dominicains, construit au XIIIe siècle en dehors des remparts de la ville, comme c’était souvent l’usage pour les ordres prêcheurs.

Mais pendant les temps troublés de la guerre de cent ans, les frères ont dû se replier à l’intérieur des remparts, abandonnant leur ancien monastère, livré alors aux pillages et aux dégradations. Seule aujourd’hui subsiste cette « grande muraille », plantée là comme un vaisseau improbable, avec d’un côté la route et de l’autre la vigne. Elle ne sert plus à rien, mais on y lit mieux qu’ailleurs l’érosion des siècles passés.

Les romantiques considéraient la ruine comme un élément essentiel de l’esthétique du paysage : à cause de son pouvoir d’évocation historique, mais aussi à cause de ses formes altérées, creusées par les vents et rongées par la pluie, qui entrent peu à peu en osmose avec les lignes naturelles du paysage. Comme l’écrivait Chateaubriand, « elles fournissent au cœur de majestueux souvenirs et aux arts des compositions touchantes » (Chateaubriand, Génie du Christianisme, III, v,3). L’humble travail du peintre est le premier concerné.

2 commentaires:

  1. Cette toile est un hymne à la végétation donc à la vie et à son dynamisme plus qu'une ode à la décrépitude des pierres. Mais l'écriture (du commentaire) rattache d'avantage à l'histoire des lieux et à la nostalgie. Cette coexistence du vivant et du mort est sûrement très pittoresque pour qui sait regarder!
    Jacques Deruelle

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  2. Bonsoir Jacques
    La terre, la terre nourricière, sur laquelle pousse la vigne, est faite des restes des vies passées d'organismes retournées à la poussière... et les ruines dans le paysage, la décrépitude des pierres, comme tu dis, est un peu l'humus de l'imagination, pour le peintre et l'architecte.
    G. C.

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