Depuis la Renaissance (et même
avant) un certain nombre de femmes peintres ont été répertoriées par les
historiens de l’art. Quelques-unes sont devenues très célèbres, comme Artemisia
Gentileschi, qui fût la première femme admise à l’Accademia delle Arti del
Disegno de Florence (première Académie
européenne) en 1616 ; Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun, inscrite en 1783 à
l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture au côté de trois autres
femmes, Adélaïde Labille-Guiard, Anne
Vallayer-Coster et Marie-Suzanne Giroust-Roslin ; Berthe Morisot - amie
de Manet ; Mary Cassatt – amie de Degas ; Suzanne Valadon, mère
d’Utrillo et première femme admise à la Société Nationale des Beaux Arts en
1894 ; Marie Laurencin – amie de Guillaume Apollinaire ; Frida Kalho
- femme de Diego Rivera ; Sonia Delaunay, Tamara de Lempicka ; Vieira
da Silva, première femme à obtenir le Grand Prix National des Arts du
gouvernement français, en 1966, et enfin Léonor Fini.
On a l’habitude de penser que la
société, machiste jusqu’à un passé assez récent, n’a pas permis aux femmes
artistes d’exprimer pleinement leur génie. Cependant si l’on considère le
nombre très réduit, jusqu’à l’aube du XXe siècle, des femmes peintres par
rapport à celui de leurs collègues masculins (sans doute moins de 5%), elles
n’ont pas à rougir de ce qu’elles ont laissé à la postérité : au Salon de
peinture de 1889, elles exposaient
418 toiles sur 2 771, soit 15,1 % des œuvres
présentées, proportion bien supérieure à leur réelle importance numérique dans
la profession.
Il est vrai qu’elles se sont
souvent davantage centrées sur certains genres comme le portrait, la miniature,
ou les scènes de la vie domestique, plutôt que sur les grands sujets de la
peinture historique. Mais cela ne retire rien à l’intérêt de leurs
œuvres :
« …
Les envois des femmes peintres ne consistent pas uniquement en des tableaux de
fleurs, même si ce domaine est l’un de ceux où elles excellent, ainsi Éléonore
Escallier, Victoria Dubourg ou Madeleine Lemaire. Scènes patriotiques ou
historiques (qu’affectionnent particulièrement Laure de Châtillon ou Thérèse de
Champ-Renaud), sujets mythologiques ou religieux (privilégiés par Adélaïde
Salles-Wagner), et allégories sont présentés au Salon, aux côtés des scènes de
genre, des paysages, des animaux, des natures mortes et des portraits qui
regroupent la majorité des contributions. La catégorie dite des scènes de genre
se décline de multiples façons : sujets historicisants, où s’illustre
Jeanne Rongier, une élève d’Évariste Luminais, motifs orientalistes sur
lesquels Henriette Browne, qui a effectué le voyage de Constantinople, assoit
sa réputation ou, le plus souvent, images contemporaines. Si des artistes comme
Jeanne Rongier ou Léonide Bourges s’attachent à dépeindre les activités des
classes défavorisées, les futures impressionnistes Berthe Morisot et Mary
Cassatt se limitent au quotidien de la vie bourgeoise. » (Denise Noël, Les femmes peintres dans la seconde moitié du
XIXe s)
Leur émancipation en France à la
fin du XIXe siècle tient au fait qu’elles sont acceptées comme élèves dans
plusieurs grands ateliers parisiens, où on leur permet de suivre une formation
identique à celle des garçons, notamment le dessin de nu d’après modèle
vivant ; beaucoup de ces élèves viennent du monde anglo-saxon où ce type
de travail ne leur est pas autorisé.
En 1881, Madame
Léon Bertaux fonde l’Union des Femmes peintres et sculpteurs, association qui organisera chaque année des expositions
féminines jusqu’en 1965. « Ses buts
étaient simples : monter des expositions dans l’espoir de faire apprécier les
productions des femmes en mettant ces dernières en rapport avec le public,
acheteur éventuel. Mais elle nourrissait également des projets plus ambitieux
qui lui tenaient à cœur : faire cesser l’exclusion des femmes à l’Ecole des
beaux-arts et parvenir à ce que celles-ci puissent préparer le concours le plus
prestigieux de l’Ecole : celui du Grand Prix de Rome. » (Chantal Beauvalot). «
Reconnue d’utilité publique par décret le 16 juin 1892, l’Union réussit peu à
peu à s’imposer comme une manifestation originale d’envergure, complémentaire
des divers Salons officiels. »
Il
reste évidemment beaucoup de ces femmes peintres à redécouvrir, particulièrement
à la charnière des XIXe et XXe siècles. Annie F. Shenton, née à Londres (1875 - ? - active jusqu'en 1911), est l’une d’entre elles. Outre ses portraits sensibles de jeunes femmes
(celui de Florence Emily Rotherham est exposé au musée du Brent, à Londres),
nous lui connaissons une spécialité qui semble-t-il trouvait son public dans la
société anglaise oisive, mais que les peintres hommes n’auraient sans doute pas
jugé digne de leur talent : le portrait de chien de compagnie !
Annie F. Shenton, Portrait de Florence Emily Rotherham, 1899, Musée du Brent, Londres |
Annie F. Shenton : Chien de chasse de la duchesse de Dunsborough, 1905 - Miniature de pékinois - Portrait de yorkshire terrier sur un coussin rouge, 1908 |
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