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jeudi, mai 01, 2008

Petite apologie du palmier

palmeraie baroque, lithographie aquarellée de Gilles Chambon
Le palmier est une plante particulièrement évocatrice et particulièrement riche sur le plan de l’imaginaire : le palmier est littéralement une explosion végétale, un épanouissement, quelque chose comme la queue nuptiale d’un paon, en trois dimension. Il n’y a pas d’ocelles sur son feuillage, mais les longs doigts effilés de ses palmes frémissent au moindre souffle de vent, comme pour montrer qu’ils sont vivants. Le vert lisse de ces grands éventails à quelque chose de frais et de savoureux, comme celui, humide, des petites reinettes mimétiques qui se glissent le long des rainures végétales, et qui font retentir les jardins de leur voix de stentor.

Le palmier vient de très loin : du sud où il se niche en palmeraies miraculeuses qui inventent l’ombre et la fraîcheur, dans les déserts squelettiques et blancs. Mais aussi le palmier vient de loin dans le temps : il vient de la préhistoire d’avant l’homme, d’avant les mammifères, celle des forêts saumâtres vrombissantes du vol des insectes géants et agitées par les brusques attaques de reptiles aux aguets. Le palmier est un vestige du paradis terrestre, d’avant le déluge, d’avant le péché originel, d’un monde où les jours semblaient couler comme l’eau claire d’une source, d’un monde de rêves et de plaisirs innocents, de sensualité libre et de pure beauté ; un monde magique où tout venait à profusion, et où la mort elle-même était germination.

La palmeraie est une explosion de vie, un jaillissement, rythmé comme un feu d’artifice, comme les piles alignées d’une longue cathédrale, comme les jets de musique qu’y lancent les tuyaux du grand orgue baroque.
Alors de leurs bouquets serrés surgissent parfois les tours de fabuleux palais.

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