Le gouvernement français a lancé un débat foireux sur l’identité nationale, à l’heure où il serait bien plus opportun de réfléchir, par exemple, sur la convergence européenne. Nous ne sommes plus au temps d’Astérix et du village gaulois, temps dans lequel l’identité du groupe ne dépassait probablement guère les limites tribales, parfois cantonnées à quelques kilomètres carrés. Et nous sommes aussi, malgré les apparences, en passe de quitter le temps du nationalisme, qui regroupait, souvent par la force, les petites communautés sous la houlette d’un pouvoir central souverain, avec comme ciment la langue imposée, la religion obligatoire, et le drapeau belliqueux. Le chauvinisme national n’est plus adapté au monde qui vient. Le temps de la globalisation est un temps d’extrême plasticité des identités, un temps où de nombreuses strates identitaires se superposent dans l’esprit de chaque individu, apportant parfois le conflit intérieur, mais garantissant aussi l’abandon de tout ostracisme de principe.
Il faut distinguer l’Etat national, dont le rôle organisationnel reste et restera pertinent, et qu’il faut donc continuer à défendre, et le sentiment identitaire, qui ne se confond plus, et c’est tant mieux, avec les frontières nationales. La modernité est transnationale, et elle est (ou devrait être) caractérisée par une connaissance toujours plus approfondie du monde. Et cette connaissance permet (ou devrait permettre) à chaque individu d’avoir suffisamment de recul et de curiosité pour laisser coexister en lui la pensée magique des chamanes, la mystique altruiste des religions, la métaphysique des philosophes grecs, la conscience humaniste des lumières, et la rationalité des scientifiques d’aujourd’hui.
Alors en cette période de vœux tous azimuts, faisons le pari d’un imaginaire nouveau qui puisse rassembler les hommes au-delà de toutes les frontières culturelles. L’identité n’est plus une chambre fermée, mais un balcon qui s’ouvre sur la beauté et la diversité du monde.
Bonne année 2010 à toutes et à tous !