présentation des peintures synchronistiques

dimanche, mai 31, 2015

La petite musique des sphères

Gilles Chambon, La petite musique des sphères, huile sur toile, 55cm x 70cm, 2015

Sans être disciple de Pythagore et célébrer la précision mathématique de l’univers, on peut s’émerveiller des variations musicales que la lumière improvise dans les feuillages des arbres au travers d’un vitrage, et admirer les belles rondeurs que nous offre la vie sublunaire.

dimanche, mai 24, 2015

Prométhée dérobant le feu dans la forge de Vulcain

 
Gilles Chambon, Prométhée dérobant le feu dans la forge de Vulcain, huile sur toile 60x70 cm, 2014
La forge de Vulcain est un thème très prisé aux XVIe et XVIIe siècles. Il est en général allégorique : il est la plupart du temps utilisé pour représenter le feu dans les séries allégoriques des quatre éléments, et l’hiver dans le cycle des quatre saisons. Il est aussi parfois allégorie de l’art appliqué (voir par exemple le tableau de Vasari, commandé par François de Médicis, lors de la création de son Accademia delle Arti del designo)… voire de l’industrie, dont les hauts fourneaux ont longtemps été le symbole depuis le XIXe siècle.

Le feu est un élément très puissant de l’imaginaire. Dans la mythologie gréco-latine, il est un peu comme le fruit défendu de la Genèse. Zeus/Jupiter refuse de le donner aux hommes, par peur qu’ils ne l’utilisent pour se libérer de son autorité. C’est le titan Prométhée, pris de pitié pour les premiers hommes souffrant du froid, qui décida de le dérober dans la forge d’Héphaïstos/Vulcain. Il y pris une braise rougeoyante, la cacha dans une tige creuse de fenouil, puis il redescendit sur la Terre et l’offrit aux hommes. Il leur apprit à se chauffer, à faire cuire leur nourriture, à forger. Mais une nuit, Jupiter vit les lueurs sur la Terre et découvrit qu’on lui avait volé le feu. Il entra dans une terrible colère et ordonna à Vulcain d’enchaîner Prométhée au sommet du Caucase, puis envoya un aigle dévorer son foie. Le supplice devait durer éternellement, puisque le foie se régénérait sans cesse. Mais finalement Hercule, fils de Jupiter, vint délivrer Prométhée.

Le feu et la pomme sont, pour notre imaginaire, à la source de la civilisation.
Pour la tradition Judéo-chrétienne, Adam et Eve, qui étaient au paradis terrestre, sont entrés dans l’Histoire en désobéissant à Dieu, et en s’en remettant ainsi aux épreuves découlant de l’exercice du libre arbitre et de la soumission aux passions, symbolisés par l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et par la pomme.
Pour les Grecs, les premiers hommes étaient plutôt confrontés à une terre inhospitalière. C’est grâce à toutes les avancées techniques que permit le feu apporté par Prométhée qu’il entrèrent dans la civilisation, mais aussi dans le terrible cycle des guerres. N’oublions pas que Vulcain, dans sa forge, fabrique les armes de Mars, dieu de la guerre.

Notre siècle rejoue d’une certaine façon le mythe de Prométhée : la société occidentale, ultra technologique, éprise d’intelligence et de liberté, et ayant pris ses distances avec l’autorité religieuse, se trouve confrontée aux dangers que font peser sur son avenir les conséquences néfastes de ses inventions ; et elle se trouve aussi en but aux violentes menaces de ceux qui ont choisi de rester sous le joug de Dieu... et qui veulent lui dévorer le foie !

Ma peinture synchronistique associe des fragments d’une création personnelle antérieure représentant une allégorie du feu, un tableau d’Albert Gleizes « reforgé » pour la circonstance (Paysage, 1912, Solomon R. Guggenheim Museum, New York), et le Vulcain – devenu Prométhée – d’une toile de Jacopo Bassano (La forge de Vulcain, ca 1585, Musée du Prado, Madrid).

mercredi, mai 06, 2015

Coucher de soleil sur Lampedusa


Gilles Chambon, Coucher de soleil sur Lampedusa, huile sur toile, 60 x 90 cm, 2015

Ambivalence de l’île de Lampedusa, à l’extrême sud de l’Italie, dans l’archipel des Pélages… Lieu dont le guide touristique nous dit qu’il est apprécié « pour ses plages de sable fin et ses eaux turquoise cristallines idéales pour l'observation des poissons », mais qui est plus connu dans l’actualité pour le repêchage des migrants rescapés de terribles traversées. Ces naufragés symbolisent aujourd’hui tous les abandonnés de la terre.

Pour construire ce tableau synchronistique, je me suis reapproprié des fragments de deux œuvres dont le sujet mythologique est en rapport direct avec un abandon : l’abandon  de Didon par Énée (Jean Souverbie, Didon et Énée, huile de 1931), et celui d’Ariane par Thésée (Thésée abandonne Ariane, fresque de la maison Méléagre à Pompéi, 1er siècle ap. J-C). Quant au couché de soleil, il n’est en vérité que le reflet inversé d’un des derniers nymphéas de Monet (Claude Monet, Nymphéas, le soir, panneau de gauche, 1920-26, Kunsthaus, Zurich).